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Télémédecine, équipes mobiles et patch pour signaler les chutes, la filière gériatrique de l’Ehpad les Magnolias expérimente et innove pour faire évoluer les pratiques dans l’intérêt des équipes et des résidents.

Loin des craintes d’ubérisation des métiers et de vols de données de santé qui ralentissent encore souvent le mouvement, les Magnolias de Ballainvilliers (Essonne) misent sur les nouvelles technologies et les pratiques innovantes. Dès son ouverture en 1974, l’hôpital privé gériatrique les Magnolias (HPGM) était l’un des premiers établissements de santé spécialisés dans les pathologies des plus âgés. Porté par l’action sociale des caisses Agirc et Arrco, il misait déjà sur les activités soutenant le maintien à domicile et la stimulation des capacités des patients. En 2006, réalisant qu’une partie des lits de long séjour relevait de l’hébergement plus que du soin, la direction aménage un Ehpad attenant à l’hôpital. Dès son ouverture, cette résidence Europa équipe les chambres de caméras infrarouges Lincare pour détecter les chutes. Filmées de 20 heures à 7 heures, les images analysées par un programme informatique déclenchent une alerte en cas de mouvement brusque ou de station prolongée au sol.

Parcours amélioré

Aujourd’hui, le site des Magnolias est une véritable filière gériatrique. Il dispose de 192 lits dans sa partie hospitalière et de 120 places d’Ehpad, dont 40 en hébergement renforcé et unité de vie protégée. Il porte notamment deux comités locaux d’information et de coordination (Clic) ainsi qu’une méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie (Maia).Ses priorités : améliorer la logique de parcours et développer le maintien ou le retour à domicile avec une équipe mobile. Depuis 2014, HPGM dispose d’un service de télémédecine ouvert à six Ehpad. Lancé dans le cadre d’un projet ARS, il propose des téléconsultations et télé-expertises avec neuf médecins spécialistes de gériatrie : médecine vasculaire, plaies et cicatrisation, cardiologie et psychiatrie. Le centre hospitalier sud-francilien est également associé au dispositif, avec des spécialités complémentaires assurées par un neurologue, un dermatologue et un diabétologue. Au final, 90 % des demandes sont couvertes par la gériatrie, la dermatologie et la psychiatrie. Pour la mise en œuvre des consultations virtuelles, les Ehpad ont aménagé des salles de téléconsultation équipées de caméras pour la visiophonie.

Dans l’hôpital gériatrique, un bureau permet aux médecins d’assurer les consultations face à deux écrans, l’un pour voir le patient et l’autre pour consulter son dossier. Ce dossier médical numérique est porté par la société de Saint-Etienne, H2AD, qui assure également la télérégulation, soit l’accès direct à un médecin 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à la demande de l’Ehpad.
Pour les établissements partenaires, l’équipement logistique représente aujourd’hui un investissement de l’ordre de 8 000 € pour la visiophonie et le confort du patient. Le dispositif requiert aussi une connexion Internet puissante et sécurisée pour la protection des données de santé.

Après deux ans d’expérimentation, l’étude médico-économique du dispositif a montré qu’il permettait d’assurer des consultations nécessaires, plus qu’il ne générait d’économies de dépenses de santé.  Autre avantage, le dispositif a permis de réduire les délais d’attente de quinze jours pour obtenir une consultation.

Dans 13,5 % des cas, la situation aurait débouché sur un renoncement aux soins, explique le Dr Valérie Bourdinaud, responsable du dispositif à l’HPGM. Du coup, les économies de déplacements ne compensent pas le coût des consultations, qui n’auraient pas eu lieu sans télémédecine. Mais l’ARS reconnaît l’amélioration de la qualité des soins et la pertinence de la prise en charge grâce au dispositif. Cette année, il passe dans le droit commun et s’ouvre à d’autres Ehpad intéressés par le projet.

Télédentisterie

Dans la catégorie innovation, les Magnolias préparent aussi une solution de télédentisterie, qui devrait être mise en place cette année. Elle propose un bilan bucco-dentaire à partir d’images prises avec une caméra endo-buccale. Les enregistrements sont réalisés par un membre de l’équipe mobile doté d’une expérience d’assistant dentaire. Les clichés sont examinés par le chirurgien-dentiste du réseau qui peut établir un plan de soins.

Patch « tag » Selp

Dans la résidence Europa, un autre dispositif innovant est en cours d’expérimentation : le « Tag » Selp. Ce patch est fixé avec un pansement adhésif sur l’omoplate de chaque résident pour détecter les chutes et les déplacements anormaux. Suivant la manière de le paramétrer, il peut aussi signaler le rapprochement de deux résidents qui doivent éviter tout contact. En cours d’amélioration pour éviter les faux positifs, comme les siestes qui déclenchent des alertes chute, Selp est actuellement en test dans les deux unités d’hébergement renforcé et de vie protégée. A terme, il devrait être utilisé dans toute la résidence pour améliorer la pratique des équipes et la sécurité des résidents. Avec Selp, les Magnolias espèrent pouvoir faire évoluer les unités de vie de l’Ehpad en supprimant des portes et en élargissant les espaces de vie des résidents. Le projet stratégique 2018-2021 de l’HPGM mise aussi beaucoup sur le maintien à domicile.

Aujourd’hui, les personnes âgées veulent vieillir à la maison, rappelle Isabelle Burkhard, directrice de l’HPGM. Nous souhaitons développer des projets d’Ehpad hors les murs pour permettre aux plus âgés de rester chez eux. Les nouvelles technologies nous aident de mieux en mieux à assurer une surveillance à distance et nos équipes mobiles iront au domicile. Il est essentiel de faire évoluer nos pratiques pour améliorer le bien-être des plus âgés en toute sécurité.


Crédits photos: Philippe Chagnon / Cocktail Santé
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