Le ministre de la Santé et de la Prévention vient d’envoyer sa « courte » lettre de cadrage au DG de l’UNCAM en vue de relancer le processus conventionnel avec les représentants des médecins libéraux.
Tout semble confirmer que l’exécutif va demander à l’Assurance Maladie de boucler un accord rapide, quitte à un peu baisser le curseur d’exigence.
Exit donc la volonté de construire des contrats d’engagement territorial et des dispositifs poussant à la coopération renforcée entre acteurs, car, tout cela « n’a pas nécessairement besoin de la démarche conventionnelle pour progresser d’elle-même. » En interprétant ce propos, notre ministre n’en viendrait-il pas à douter lui-même de la pertinence du schéma conventionnel actuel ? Car dans le fond, à quoi tout cela sert-il ? Si la nécessité de dialogue entre financeurs et acteurs de soins est incontestable, interroger le modèle historique ne doit plus être tabou.
Disons les choses : hormis le volet revalorisation des actes, quelles mesures conventionnelles ont véritablement fait avancer la structuration de notre médecine de ville et, plus largement, favorisé l’accès aux soins de nos concitoyens durant cette dernière décennie ? Sûrement quelques-unes, mais la modernisation du système reste indéniablement figée. Et ce, depuis bien trop longtemps. Les tentatives de décloisonnement et déconcentration existent, mais demeurent, à l’instar des IPA et des CPTS, marginales. À tort.
Ne nous y trompons pas, la colère des médecins ne se cristallise pas uniquement sur le seul aspect financier. Les maux sont plus profonds. L’écart entre les réalités de terrain et les orientations prises lors de ces grands rendez-vous institutionnels continue de se creuser. En cela, nous assistons à un rejet massif de ce modèle de pilotage, concentré à l’extrême, qui infantilise encore trop les acteurs au lieu de les pousser à agir et à s’organiser de façon autonome sur leurs territoires. Trop de contrôle et de réglementation qui font que les frustrations font désormais place au désengagement. Un contresens à l’heure où la question de la responsabilisation devrait être au cœur de la démarche conventionnelle. Si cela n’est pas le cas, ne faudrait-il alors pas se poser la question de la nécessité de réinventer notre modèle ?