Par delà les multiples questions que pose toujours la réforme des retraites, il y a forcément celle du coût préalable pour la démarrer.
Car qui va payer une réforme dont les attendus échappent manifestement à ceux qui l’ont initié ?
Une chose est de brandir les grands et beaux principes d’universalité (uniformité plutôt car l’universalité même plurielle existe déjà), d’égalité et de justice sociale. Une autre est de se frotter au réel. Depuis plusieurs semaines, la situation se décante. Les voiles d’ignorance s’estompent peu à peu. Les concessions majeures, certes légitimes pour nombre d’entre elles, faites par le gouvernement sont à la fois des coups de canifs sur l’ambition originelle mais aussi induise des coûts faramineux à venir.
Déjà, on fera moins d’économies sur les régimes spéciaux. Ensuite, les masques étant tombés, on va devoir financer sur 15 ans, peut-être plus, un effort considérables de revalorisation des traitements des enseignants mais aussi pour tous les agents des catégories B et C de la fonction publique, sans oublier l’enjeu pour les deux autres fonctions publiques, hospitalière et territoriale. Et nous ne parlons de l’impact à venir des concessions utiles certes sur la pénibilité.
Qui va payer ?
Ensuite, la future loi prévoit de réduire le taux de cotisation employeur de l’Etat de 74 à près de 17%. A la clé, un gain annuel de dépenses publiques de 25 à 30 Mds. Mais sortir la dépense patronale publique du budget de l’Etat ne la fait pas disparaître pour autant ! Sur ce point l’étude d’impact associée au projet de loi de la réforme est quasi muette. On le comprend…
Qui va payer ?
Enfin, pour ne pas trop étirer la démonstration, il va falloir aussi traiter la question des professions indépendantes. Le mic-mac socio-fiscal prévu par le projet de loi est grandiose par sa couardise. On va baisser les recettes tirées de la CSG maladie en réduisant son assiette de prélèvement pour augmenter celle du financement de la retraite des libéraux. Qui, au passage, n’ont rien demandé. Un trou de près de 3 Mds € pour la Cnam. Certes, d’ici 2037, il se passera bien d’autres épisodes…
Qui va payer tout cela, toutes ces charges qui vont grever les dépenses publiques du pays pendant longtemps ?
En attendant les hypothétiques effets bénéfiques d’une réforme en 2050. Tout le monde bien sûr, à commencer par les salariés. Ce aux dépens des nécessités d’autres investissements collectifs dont le pays a tant besoin.