La mutuelle Chorum a récemment publié la troisième édition de son baromètre consacré à la Qualité de Vie au Travail (QVT) dans l’Economie Sociale et Solidaire. Cet outil croise le ressenti des salariés et des dirigeants. Retour sur les principaux enseignements avec Marine Boyer, chef de projet qui a piloté ce baromètre.
Quels sont les grands enseignements de cette dernière édition et les principales évolutions par rapport aux éditions précédentes ?
La moyenne du ressenti de la QVT pour les salariés est légèrement meilleure. En revanche, elle se dégrade fortement chez les dirigeants depuis 2013, année de notre premier baromètre. Mais ils restent plus satisfaits pour la majorité des indicateurs croisés avec les salariés.
On constate cependant une perte d’autonomie des dirigeants par exemple sur la prise de décision, même s’ils ont toujours un pouvoir décisionnel fort. Cette dégradation est marquée par les relations avec les financeurs, les pouvoirs publics, les moyens humains et financiers en lien avec les politiques publiques et les baisses de financement, qui affectent le secteur associatif majoritairement (représentant une grande partie des répondants).
Et côté salariés ?
Pour les 32% des salariés évoquant une dégradation de la QVT, la diminution des moyens humains et financiers est citée dans le top 3, ce qui n’était pas le cas les années précédentes. Les principales raisons de cette dégradation restent les changements d’organisation et l’ambiance de travail.
Il y aussi des points positifs : le travail est globalement apprécié et jugé utile. L’autonomie est également assez forte, peut-être en lien avec la baisse des moyens qui ouvre la voie à plus d’initiatives. Les salariés estiment aussi que leur travail permet de développer les compétences, a du sens, est clair dans son pilotage.
Pour autant, des difficultés en termes de charge de travail sont soulignées par un salarié sur deux, en stabilité depuis 2013. Les indications contradictoires et les douleurs articulaires progressent, en lien avec la pénibilité des métiers et l’âge des salariés. Dans le secteur de l’aide à domicile, par exemple, plus d’un sur deux a plus de 50 ans.
Seulement 64% des salariés recommanderaient leur structure comme un endroit où il fait bon travailler. Or dans l’Economie sociale on pourrait s’attendre à des taux plus élevés. Les dirigeants sont plus positifs.
Enfin la confiance en l’avenir au sein de la structure reste assez mitigée pour les salariés (56%), elle recule chez les dirigeants (de 84% à 78%).
Quel doit être le rôle de l’ESS et quels enseignements tirer de la crise sanitaire pour le secteur ?
L’ESS doit avoir un rôle prépondérant. Pendant la crise sanitaire, tout le monde a pu constater que de nombreux pans de l’économie sociale étaient en première ligne, comme l’aide à domicile ou le secteur sanitaire non lucratif. Cependant, ils ont été très faiblement pris en compte par les pouvoirs publics au moment des premières annonces. Par exemple, ni masques ni protection n’étaient prévus pour l’aide à domicile. A l’avenir, je pense que les acteurs vont vouloir se mobiliser sur cette question et faire davantage entendre leur voix.
L’Uniopss et différents réseaux associatifs, la Mutualité Française entre autres, se sont déjà mobilisés dans ce cadre.
En tant qu’expert en protection sociale complémentaire de l’Economie Sociale et Solidaire, nous allons accompagner tous nos adhérents sur les sujets de santé et qualité de travail.