dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

L’affaire Orpea est assez caractéristique d’une dérive des pratiques managériales et financières souvent constatées dans le champ de la santé et de la protection sociale. Plusieurs questions se font jour.

La France occupe, concernant le rôle joué par le secteur privé à but lucratif dans le système sanitaire et médico-social, une place particulière : nous demeurons un pays très permissif. À l’échelle mondiale, il faut aller aux États-Unis pour dénicher le champion toutes catégories. Cette affaire porte déjà, en soi, un problème de principe. Ne serait-ce que parce que cette place du privé est récusée, soit d’autorité, soit parce qu’elle est très contingentée, chez nos partenaires européens. Pourquoi alors en santé, comme en médico-social, le secteur privé à but non lucratif dit d’économie sociale, est-il si peu présent sur l’offre ? Ou à défaut, si peu (re)connu.

Il faut craindre aussi que les pratiques prêtées au groupe Orpea existent ailleurs. Elles ne sont rendues possibles que par l’adage français de « la privatisation des profits permise par la socialisation des pertes ». L’État, par son indolence, laisse donc prospérer une situation peu louable. Toutefois, soyons juste, il ne faut pas non plus généraliser : tous les acteurs privés ne dérapent pas de la sorte.

Que faire alors ? La révolution du « tout public », comme envisagé par des candidats à la présidentielle, peut paraître tentante. Mais quelle réalité économique derrière à la vue de nos comptes sociaux ? La solution la plus raisonnable, s’il en existe, passerait par l’impérieuse nécessité de faire cohabiter des logiques sanitaires, économiques et actionnariales d’intérêt général. D’où aussi l’exigence à accroître les contrôles et les capacités à piloter. Il conviendrait encore aussi de mettre à plat les procédures de financement public quitte à faire ressortir le « vieux serpent de mer » du financement à la qualité…

La montée en puissance du privé à but lucratif, avec la culture du fric qui l’accompagne, dans le secteur des personnes âgées est une affaire récente. Peu suffisamment, mais surtout trop tardivement, prise au sérieux par la puissance publique. De plus, cela renvoie plus largement à l’intérêt porté par la société à la question des personnes âgées, à la perte d’autonomie. Comme un air de déjà-vu, n’est-ce pas ?

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