A un mois et demi de son Grand Oral des candidats, la Mutualité Française, a présenté ses propositions dans le cadre de la présidentielle.
«Quand la santé est traitée dans le débat public, elle est appréhendée sous une approche comptable et gestionnaire» a regretté Eric Chenut, son président. Or, selon lui, les réels sujets de préoccupations de la population concernent les «déserts médicaux qui progressent», les difficultés à trouver un médecin traitant ou encore l’allongement des délais de prise en charge pour certaines spécialités.
Dans ce contexte, la fédération a réactivé son dispositif (lancé en 2017) Place de la santé en vue des deux échéances électorales de cette année. Elle a également présenté ses propositions déclinées autour de six grandes priorités : «Bâtir une politique globale de prévention pour lutter contre les inégalités de santé» (en mettant l’accent sur le secteur de la petite enfance et en protégeant le «capital-santé» de la population) ; «Renforcer un égal accès aux soins» (notamment en renforçant l’accès au premier recours et en réduisant les inégalités face aux restes à charge); «Rendre la santé accessible, inclusive et protectrice du bien-être psychique et physique de chacun» (avec une meilleure prise en compte des spécificités de toutes les populations) ; «Réinventer les solidarités pour favoriser l’émancipation et garantir l’autonomie» (en réinterrogeant les solidarités intergénérationnelles, à travers une généralisation la prévoyance et un développement de l’épargne retraite, et en accompagnant la perte d’autonomie ); «Imaginer et mettre en œuvre les solutions de demain» (en lien avec les transitions numériques et écologique), «Rechercher de nouveaux droits dans le respect des règles éthiques et en accordant plus de place à la société civile» (notamment pour permettre à chacun d’être «accompagné dans sa fin de vie selon ses choix»).
Chacun de ces grands axes recouvre deux à quatre propositions. Et pour chaque thématique sont mises en avant des réalisations mutualistes concrètes par exemple en matière de garde d’enfants (accueil en horaires atypiques via le dispositif Mamhique), d’équipes mobiles de soins, ou encore de remboursement des séances chez un psychologue. «Nous avons la capacité en Mutualité d’apporter tout ou partie des réponses, avec d’autres, avec la puissance publique, mais cela suppose de miser davantage sur la participation et sur le fait d’associer l’ensemble des acteurs, et que l’Etat fixe les grandes orientations, mais délègue un certain nombre d’éléments aux collectivités territoriales, aux acteurs de l’économie sociale et solidaire», explique Eric Chenut.
La Mutualité Française passe également au crible les programmes des candidats à la présidentielle. Les trois premiers décryptages ont été mis en ligne hier pour Yannick Jadot (EELV), Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Valérie Pécresse (LR). L’objectif est double, a assuré Sévérine Salgado, directrice générale de la fédération, d’une part fournir «une synthèse des propositions» et d’autre part produire une analyse «factuelle, neutre, et objective». S’ajoute une rubrique Info/Désintox qui vise à «lutter contre les idées reçues en matière de santé et de protection sociale».
Par ailleurs, un onglet «Accès aux soins et vous» donne la parole aux patients, aidants, citoyens soucieux du système de santé, etc, pour recueillir leurs expériences, mais aussi les sonder sur leurs besoins. Une synthèse sera adressée aux candidats aux élections législatives.
Concernant la présidentielle, seront conviés au grand événement du 1er mars prochain «les candidats qui ont plus de 5% d’intentions de vote et/ou qui ont un groupe parlementaire», a précisé Eric Chenut.