Lors du grand oral santé organisé par la Mutualité Française, les candidats à la présidentielle présents (Emmanuel Macron, Nicolas Dupond-Aignan, Yannick, Benoît Hamon, Yannick Jadot, et François Fillon) ont rappelé les grands axes de leurs programmes. Certaines propositions inédites ont émergé.
Emmanuel Macron a avancé un cadrage global de l’Ondam à 2,3% pour 2018-2022. Le candidat d’En marche, propose également un plan d’investissement de 5 Mds € pour l’hôpital et l’innovation médicale. Pour le financement de l’assurance maladie, il prône une suppression de 3,1 points de charges sociales salariales pour un transfert vers 1,7 points de CSG taux normal.
Enfin pour faire disparaître le reste à charge (RAC) en dentaire, optique, et audioprothèses, l’ancien ministre de l’Économie veut notamment instaurer d’avantage de concurrence et de transparence entre les complémentaires santé à travers la mise en place de 3 contrats types.
Benoît Hamon a insisté sur la transition épidémiologique impliquant « de changer l’organisation de nos politiques de santé ». En matière de prévention, le candidat socialiste veut combattre les addictions (en particulier alcool et tabac), mettre en place un grand plan alimentation (signalétique, favoriser l’accès au bio, …), et lutter contre les particules fines. Il plaide également pour un remboursement par la sécurité sociale d’une activité physique aménagée ou adaptée pour tout malade chronique, après prescription d’un médecin. Plus généralement, Benoît Hamon défend une « culture du sport santé » contre la sédentarité. Il veut aussi élargir les aides publiques à la complémentaires santé « aux fonctionnaires, retraités, et étudiants ». Le coût est évalué à 3,5 Mds € par an par Terra Nova. Pour les médicaments dont le prix est exorbitant des licences d’offices pourraient être attribuées.
François Fillon a, comme prévu, confirmé que l’articulation AMO/AMC est « un sujet central« . Il pose lui aussi l’objectif du « zéro reste à charge » pour l’optique, le dentaire, l’audioprothèse « avec un nouveau partenariat entre la sécurité sociale et les organismes complémentaires« . La prise en charge à 100% pour les lunettes des enfants dès 2017 est avancée. Le candidat LR propose également une consultation de prévention longue et gratuite tous les 2 ans. L’ancien Premier ministre a précisé le rôle de l’agence associant l’État, les caisses de sécurité sociale, les organismes complémentaires, et les professions de santé. Elle permettra de préparer des accords sur le partage des remboursements entre l’assurance maladie et les complémentaires. Avec une remise à plat des différentes taxes touchant les complémentaires santé (voir lettre ESE de lundi).
Si plus de six Français sur dix considèrent que notre système de santé fonctionne bien, les 2/3 sont assez pessimistes sur son avenir, d’après un sondage Haris Interractive dévoilé en marge de l’événement. 72% de la population estime que les candidats ne parlent pas assez de santé et que leurs propositions ne répondent pas à leurs préoccupations personnelles.
Pour les sondés, la réduction du déficit de la sécurité sociale passe en priorité par une rationalisation de son fonctionnement (par une meilleure organisation du système de santé, jugée « prioritaire ou importante » par 89% ; davantage de contrôle ; et le développement de la prévention). En termes d’amélioration d’accès aux soins, la lutte contre les déserts médicaux et la limitation des coûts à la charge des patients sont perçues comme les mesures les plus prioritaires.