L’Edito de Roselyne Bachelot-Narquin, invitée de la rédaction.
Pour la puissance publique, la question des inégalités, des discriminations et des violences dont les femmes sont l’objet n’a jamais reçu de réponse vraiment satisfaisante. Elle est trop souvent confiée à un ministère de la parole, dont la titulaire compense par la médiatisation l’absence quasi totale de moyens financiers et d’une réelle force de frappe administrative. Les textes législatifs sont de faible qualité, accumulant les vœux pieux sans réelle portée opérationnelle. L’exemple des différentes lois sur l’égalité professionnelle est à cet égard éclairant.
Les politiciens français sont – à de rares exceptions près – totalement dépourvus des connaissances philosophiques, historiques, sociologiques et économiques qui leur permettraient d’aborder le dossier du genre autrement que par des slogans ou des discussions dignes du café du commerce. Il faut reconnaître que l’enseignement et la recherche consacrés aux inégalités liées au sexe sont dans notre pays au régime sec et les militants qui s’y consacrent, souvent traités avec condescendance.
C’est donc à une véritable révolution culturelle que nous sommes invités et je reste persuadée qu’un ministère de l’Egalité femmes-hommes ne servira pas à grand-chose pour la mener, sauf à « cornériser » un peu plus la problématique.
La question des violences qui s’est invitée avec éclat dans l’agenda médiatique a eu l’avantage de libérer la parole de bien des victimes, mais aussi l’inconvénient de cannibaliser l’attention au détriment de bien des sujets de la vie quotidienne qui sont pourtant primordiaux. Des objectifs chiffrés doivent être fixés ministère par ministère, avec quelques priorités brûlantes : l’amélioration qualitative et quantitative des modes de garde, la réduction de la pauvreté dans les familles monoparentales, l’égal accès des filles aux filières scientifiques, le respect sourcilleux de la laïcité dans les établissements scolaires et les services de soins.
C’est au président de la République et au Premier ministre de mener la barque et de faire en sorte que la France ne soit plus seulement le pays des droits de l’homme, mais bien celui des droits humains.