dans ASSURANCE MALADIE

Dans les différents régimes de sécu, les syndicats médicaux ou l’industrie du médicament, ces femmes ont démontré qu’à force de travail et de conviction elles ont réussi à atteindre des postes à haute responsabilité.

 

Stéphanie Bou-Fleurot,
responsable Presse du Leem

Mon parcours et mon évolution professionnelle ont été complètement indépendants du fait que je sois une femme… Les enjeux auxquels nous faisons face n’ont pas de genre ! Au Leem, nous traitons de la maladie, donc de sujets qui nous concernent tous. C’est d’ailleurs ce qui m’a guidée dès le début de ma carrière : travailler dans la santé. Je pense que la diversité est une opportunité d’enrichissement pour l’entreprise. L’industrie du médicament est un secteur dans lequel les points forts des femmes sont appréciés à leur juste valeur. Parmi les 100 000 salariés des entreprises du médicament en France, 6 sur 10 sont des femmes. Elles sont aujourd’hui moins nombreuses dans les fonctions dirigeantes et des différences subsistent en termes de salaires. Mais le sujet est posé et nous sommes sur la bonne voie. Au-delà de la condition de femme, dans le domaine de la santé ce qui fera la différence, c’est avant tout l’expertise, l’implication, l’initiative, la force de conviction… Et l’honnêteté intellectuelle.

Rachel Bocher,
présidente de l’INPH

De nombreuses jeunes femmes réussissent la première année de médecine.
Combien d’entre elles occuperont des postes au plus haut niveau de responsabilité institutionnelle, scientifique et syndicale ? Le constat est sévère : très peu. Toutefois, je pense qu’être une femme dans le monde médical reste un atout pour deux raisons : d’abord, je considère que la mixité, indissociable de la parité, est non seulement normale, mais un réel avantage en termes d’approche intellectuelle et scientifique. Peut-être parce que la femme n’est pas un homme comme les autres. La seconde raison réside en notre pouvoir de séduction, qui chemine avec celui de conviction. Revient-il aux pouvoirs publics d’imposer l’égalité d’accès et d’exercice ? Beaucoup reste à faire. Au quotidien, la pratique de la parité doit l’emporter sur le symbole. Reste peut-être un combat à livrer : celui qu’on mène contre soi-même pour l’accomplissement de son destin.

 

Isabelle Ouedraogo,
administratrice de la CCMSA

Le régime agricole a cette spécificité que ses administrateurs ne sont pas mandatés par les partenaires sociaux, mais bien élus au niveau cantonal puis au niveau des 35 caisses. Nous sommes donc élus pour nos convictions personnelles et pour notre enracinement territorial. Dans ce cadre, je n’ai pas ressenti qu’être une femme ait été un obstacle dans mon parcours d’élue. Au contraire, j’ai toujours eu la profonde conviction que la société se construit en embarquant chacun avec ses visions et ses idées. On fera donc avancer le droit des femmes en mettant en avant la notion de travail en commun et en faisant prévaloir les compétences, pas en cherchant à les distinguer des hommes. Je tiens par ailleurs à souligner le travail formidable qui est accompli par nos militantes et plus globalement par l’ensemble des femmes du secteur agricole. L’engagement sans faille dont elles font preuve au quotidien contribue à modéliser le monde rural de demain.

 

Viviane Uguen,
présidente de la CPAM de Brest (Finistère)

Je suis militante syndicale, à la CFDT, depuis 1984. Mon organisation a toujours œuvré pour porter des femmes à des responsabilités et mon parcours en est la traduction. Je préside le conseil de la CPAM de Brest, qui est le produit d’une fusion réussie, non sans difficultés au début, entre les caisses du Finistère. Je suis vice-présidente de l’ARS Bretagne et détiens également un mandat de conseillère au sein du conseil de la Cnam et de la commission des accidents du travail et des maladies professionnelles (AT-MP).
Les femmes occupent souvent des métiers précaires dans les secteurs de l’aide et des soins à la personne, de l’entretien et plus largement dans le monde du travail temporaire.
Le sens de mon action porte sur le développement de la prévention des risques liés à ces métiers pour les femmes et les hommes. Plus largement, la question de la montée des risques du cancer du sein mobilise mon énergie. Par ailleurs, en tant que représentante de l’assurance-maladie, je me bats pour favoriser l’accès aux soins et aux aides financières des plus précaires, qui sont souvent des femmes. Je reste frappée par le fort renoncement à des droits dont elles peuvent bénéficier.
Nous avons donc beaucoup de travail à accomplir dans leur direction pour être crédibles.

 

Christine Loppin,
directrice de l’Urssaf Rhône-Alpes

Je suis dans l’institution Sécurité sociale depuis 1981 et directrice dans le recouvrement depuis douze ans. Sur les 22 Unions régionales, 6 sont dirigées par des femmes. Avec le recul, je ne considère pas que le fait d’être une femme change le mode de management d’une organisation comme la nôtre. Peut-être sommes-nous plus sur un management facilitateur, attentif aux équipes. Ma façon d’agir passe par l’écoute d’abord, le partage de l’intelligence collective, ce qui peut paraître moins directif. Nous sommes certainement moins dans la compétition, ce qui n’empêche pas une vigilance forte sur la performance de l’organisme. J’ai le sentiment que l’institution Sécurité sociale, s’agissant de la place des femmes, de leur accès aux responsabilités, a fait des progrès. Nos difficultés sont plutôt dans le regard que les hommes portent sur nous, notamment des entrepreneurs, étonnés que nous soyons là. Une priorité ? Rester vigilants sur le mouvement engagé, car rien n’est jamais acquis !

 

 

Catherine Mojaïsky,
présidente de la CNSD

Seule femme présidente d’un syndicat médical à dominante masculine, premier en adhérents du monde libéral, j’ai pensé que ça ne changeait rien, tant que la mission était remplie. Cet avis s’est nuancé : si l’élection se fait sur la seule compétence, une fois sous le feu des projecteurs, les critères de jugement changent. Le physique et l’apparence sont scrutés, les écrits plus facilement caricaturés… Comme si une femme ne pouvait faire preuve d’analyse et de réflexion. Toute attitude combattive devient de l’agressivité. Sur les réseaux sociaux, j’ai subi des calomnies immondes, des attaques sexistes ou à caractère sexuel qu’on n’aurait jamais osées envers un homme, sans réel soutien féminin ! J’ai managé mon équipe en privilégiant la concertation, car il est peu efficace de faire preuve d’autorité face à de fortes personnalités. La complémentarité des visions hommes/femmes est indispensable pour des choix cohérents. C’est par l’exemple que l’on incite les femmes à s’engager. Car, malgré la violence subie, l’engagement reste une expérience positive… Si on a une grande résilience.

 

Joëlle Servaud-Traniello,
directrice générale de la Carsat Midi-Pyrénées

En juillet 2015, j’ai été nommée directrice générale de la Carsat Midi-Pyrénées. Jusque-là, aucune femme n’avait dirigé cette caisse. A mon arrivée, j’ai souri en découvrant dans mon bureau une photo réunissant quatre anciens directeurs de l’organisme… J’ai donc rompu une certaine tradition ! D’après mon humble expérience, il n’y a pas de spécificité de la fonction dirigeante liée au fait d’être une femme : le rapport à la fonction, à l’exercice des responsabilités est une affaire d’individu, de personnalité, d’attitude. Rester soi-même en assumant sa féminité est certainement le meilleur atout pour occuper une fonction de directrice d’organisme. Je ne suis pas sûre que les regards et les pratiques aient fortement évolué dans l’institution : pour preuve, il existe encore des dispositifs d’incitation à nommer des femmes au plus haut niveau de responsabilité, mais aussi des formations pour apprendre le “leadership au féminin”. On avance quand même dans le bon sens. Le jour où l’on ne parlera plus de la particularité d’être une femme à la tête d’une caisse, ce sera gagné !

 

Catherine Pelletier,
directrice de la CPAM de Haute-Vienne et vice-présidente de l’Adcam

Depuis le rapport Adcam de 2014, l’évolution favorable aux femmes dirigeantes coexiste avec les stéréotypes, avec la nécessité pour une femme de donner davantage de preuves de ses capacités et l’interrogation sur son aptitude à résister à la pression. Agent comptable puis directrice de CPAM, je n’ai connu aucune difficulté d’accès au métier de dirigeant. J’ai choisi mes postes, je me suis mobilisée sur des missions régionales ou nationales, certes au prix de quelques concessions, dont un célibat géographique de quinze ans. Mon leadership est-il typiquement féminin ou est-il le reflet de mes valeurs ? Je revendique les deux, porteuse d’un management inclusif, consensuel, respectueux des personnes, mobilisant toutes les intelligences, cherchant à faire éclore des talents.
A l’ère du numérique, du développement des coopérations, du partage des décisions, le style managérial dit féminin est à même de fédérer et d’engager la nouvelle génération. Etre femme et diriger un organisme de Sécurité sociale, est-ce encore un sujet ou est-ce un modèle d’avenir ?

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