Essai sur les nouvelles élites du pouvoir
Pierre Birnbaum essaie de mesurer, dans son nouvel opus, l’impact de la mondialisation et du marché sur l’Etat. Le sociologue estime que l’on assiste à une transformation de la circulation des élites. L’élite de l’administration, incarnée par les hauts fonctionnaires, serait aussi gagnée par les méthodes du privé. Certains d’entre eux quittent provisoirement le service de l’Etat pour rejoindre de grandes entreprises, des banques ou des cabinets de conseil, comme l’illustrent le parcours d’Emmanuel Macron lui-même, ancien banquier qui ne souhaite pas faire de la politique toute sa vie, et ceux de plusieurs des membres de son cabinet.
Les députés de la nouvelle Assemblée sont, eux aussi, en grande partie issus du monde de l’économie (plutôt qu’enseignants, journalistes ou avocats comme par le passé). Dès lors pèse le soupçon d’une collusion croissante entre ces diverses élites. Une « oligarchie » a-t-elle pris en main la direction de l’Etat, comme le soutiennent les divers populismes ?
Pierre Birnbaum récuse cependant la thèse d’un affaiblissement de l’Etat qui en résulterait.
L’exceptionnalisme français ne se trouve donc pas inéluctablement remis en question par ces flux de mobilité des élites. L’Etat défend toujours ses frontières, contrôle les voies d’accès à ses institutions et met partout en œuvre un processus de recrutement méritocratique universaliste.