Décidément la médecine de ville, occupe le devant de la scène en cette fin d’année.
Entre le vrai-faux démarrage des négociations de la nouvelle convention médicale, la grève des cabinets libéraux du début de mois et, les différentes mesures intégrées par les parlementaires au PLFSS 2023, le secteur du soin primaire est sens dessus dessous. Pour ce que l’on pourrait qualifier de spectacle, évidemment en décalage avec les attentes de nos concitoyens. Le nouveau débat sur l’ouverture, dans les déserts médicaux, d’un accès direct à un infirmier, au lieu d’un médecin, pourrait être le pavillon témoin des crispations sectorielles.
Le possible déploiement de cette mesure met sur la table la question du partage des compétences (encore une fois), mais également, et surtout, celle de l’organisation de l’accès aux soins. Car en élargissant le spectre d’intervenants de la prise en charge des soins non programmés, on remettrait en cause le rôle du médecin traitant. Le fameux « gatekeeper » qui organise le parcours de soins et autour duquel toute l’information médicale du patient doit transiter. En tout cas dans la théorie. Soyons un peu honnête, ce rôle de « gatekeeper » attribué au médecin traitant et, tel qu’il est conceptualisé et pratiqué dans les modèles britanniques et scandinaves, est très loin d’être une réalité dans nos contrées. Une question de culture et de posture surtout.
Les tensions actuelles, et à venir, nous oblige à faire preuve d’inventivité et de pragmatisme. L’heure n’est pas à sanctuariser le rôle du médecin traitant, les perspectives de démographie médicale à court/moyen terme ne nous offrent pas ce luxe, mais plutôt à démultiplier les portes d’entrée. Généralistes, pharmaciens, IPA… peu importe qui sont les « gatekeepers », tant que les conditions de régulation, de coordination de l’information et de qualité des soins sont respectées.
Donc non, l’idée d’expérimenter ce type de prise en charge ne va pas fracturer l’organisation du système comme certaines voix le laissent entendre. Les mêmes qui nous expliquaient il y a peu encore que la pratique de la vaccination contre la grippe par les pharmaciens aller mettre à mal notre politique de santé publique. Donc testons d’abord avant de condamner.
*portier ou premier point de contact lors de questions relatives à la santé.