Ce que le langage commun appelle les méta-pouvoirs, ces structures surpuissantes, qui dominent l’équilibre des liens publics et sociaux classiques, n’émergent pas totalement indemnes de la crise du Covid-19.
On y place déjà les médias. Leur rôle, indispensable dans toute démocratie qui s’honore, fut contesté. Du moins pour leurs excès et partis pris dans les débats scientifiques, voire politiques. Corollaires et concurrents sont aussi les fameux réseaux sociaux avec les dérives que l’on sait. La qualité et l’équilibre ne furent pas au rendez-vous d’une démocratie raisonnable.
Egalement contestée, ce n’est pas nouveau, celle qu’on surnomme la « big pharma ». Ces grands laboratoires, aussi indispensables que déconsidérés lorsqu’ils s’érigent en ordonnateurs mercantiles du bien-être sanitaire sur l’échiquier mondial, dans un moment dramatique pour des centaines de millions de patients, s’agissant des règles d’attribution future du vaccin et des médicaments libérateurs.
Insistons surtout sur un autre méta-pouvoir, celui de l’Etat.
L’écoute attentive des auditions des ministres et hauts fonctionnaires devant la commission d’enquête de l’Assemblée sur la gestion de la crise sanitaire apporte des éclairages inédits sur les carences du jeu, hélas nous n’avons pas d’autre terme vu la piètre qualité des propos délivrés aux élus par les acteurs institutionnels et médicaux au plus haut niveau du pays.
S’il fallait par anticipation synthétiser les attendus des travaux parlementaires, c’est là que se niche une énième défaite de santé publique. L’Etat protecteur a failli quant à sa mission de prévention. Confisquant les savoirs, les décisions, le césarisme technocratique s’est souvent placé en congé du réel pour être atteint finalement tantôt d’aboulie, tantôt de myopie sanitaire.
Le fameux « Mal français » selon Alain Peyrefitte, dans toute sa complétude. Comme quoi, nous ne savons toujours pas faire table rase de nos errements passés.
Ces méta-pouvoirs sont légitimes, mais désormais fragiles. Une sortie par le haut passe par un regain démocratique puisant sa source dans le principe de responsabilité partagée avec le terrain. Un Etat stratège enfin et non une frénésie bureaucratique !