Nous pourrions évoquer le récent rapport de la Cour des comptes sur les CHU, plutôt sévère sur l’inadaptation de nos 30 grands établissements de pointe où parfois le pire côtoie le meilleur.
La Cour plaide pour de profonds changements et une mise en réseau graduel de prises en charge des soins aigus. Un refrain connu depuis vingt ans.
Nous pourrions aussi évoquer la bataille d’arrière-garde des médecins à propos de l’amendement au projet de loi Santé d’Agnès Buzyn, débattu en première lecture à l’Assemblée le 18 mars, autorisant les pharmaciens à délivrer sans prescription préalable certains médicaments, un droit encadré par des protocoles de la Haute Autorité de Santé. Nous pourrions revenir sur le dossier de la réforme des retraites à propos duquel nous entamons un feuilleton. Les fous font-ils l’histoire ?, titrons-nous. La question mérite d’être posée. Le 12 mars normalement, la Chambre des communes à Londres doit voter définitivement les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Avec le recul, ce moment est tout simplement dramatique pour les Européens que nous sommes. En juin 2016, nous étions à Londres pendant la bataille référendaire sur le Brexit. Une campagne stupéfiante à maints égards. Les « remain » ne faisaient pas campagne en fait, tant ils estimaient que l’affaire était entendue. A contrario, les « leave » déversaient des tonnes de bêtises sur la construction européenne que cela en donnait la nausée.
Les semaines à venir seront difficiles. D’abord parce que le protocole de séparation UE-Royaume-Uni n’est qu’un intérim, devant produire à terme un traité définitif de divorce. Et puis tout cela s’inscrit dans un contexte négatif désespérant. Où dans la plupart des pays membres de l’UE, nationalistes et médias font souvent assaut de mauvaise foi ou d’incompétences pour détricoter la seule aventure politique utile depuis soixante-dix ans. « Le nationalisme, c’est la guerre », disait à juste titre François Mitterrand. Le débat présent ne fait que perpétuer cette tradition du grand écart. C’est cela qui est incroyable : un fossé qui perdure, nourri par des fantasmes et des guerres de slogans dépourvus de toute réalité. Bien entendu, ESE fera son devoir d’information d’ici au 26 mai prochain. Histoire de respecter le monde réel et les valeurs qui doivent le porter.