Les mutuelles font face à 280 Ms € de dépenses supplémentaires pour 2020-2021 (liées au rattrapage des soins et au 100% santé), a indiqué la Mutualité Française en réaction au courrier d’Olivier Véran et d’Olivier Dussopt enjoignant les complémentaires à la modération tarifaires (voir lettre ESE de vendredi dernier).
Dès septembre dernier, les trois familles de complémentaires (FNMF, CTIP, FFA) alertaient le ministère de la Santé concernant la dégradation de leur équilibre financier à environ – 900 Ms € au premier semestre 2021. Par rapport à la même période pour 2019, leurs dépenses de santé, ont augmenté de 9%, soit 1,45 Md €. L’avenue de Ségur a d’ailleurs reconnu le poids financier de la réforme lors de sa décision de ne pas augmenter la taxe Covid.
Concernant spécifiquement les mutuelles, les prestations santé se sont accrues de 585 Ms € au premier semestre de cette année, soit +7% par personne protégée. Les soins de ville bondissent de 13%, soit 836 Ms €, quand les dépenses hospitalières reculent de 12% (soit 251 Ms €). « Il y a toujours un retard de facturation de la part des hôpitaux, avec le risque d’avoir une augmentation extrêmement forte des dépenses au deuxième semestre. Par ailleurs, les déprogrammations et les retards de prise en charge restent importants et conduiront à une augmentation des besoins à terme en raison d’un risque de dégradation générale de l’état de santé. Cela nous interpelle fortement, au-delà du seul aspect financier », souligne Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française.
Des baisses sont également constatées pour les dépenses de médecins (-1%, soit 11 Ms €) et de pharmacies (-6%, soit 71 Ms €) notamment sous l’effet de la moindre prévalence des épidémies saisonnières, l’hiver dernier. Mais elles sont largement compensées. « Les mutuelles ont une surreprésentation des postes 100% santé par rapport aux autres familles de complémentaires. La moyenne d’âge plus élevée de nos adhérents, s’est ainsi traduite par des dépenses plus importantes en audiologie », poursuit la DG de la Mutualité. Les audioprothèses explosent à + 91% ( soit + 216 Ms €), et la hausse atteint 50 % en dentaire (soit + 590 Ms €). « Nous ne tirons pas la sonnette d’alarme. Ces données signifient que le 100% santé est un succès, or l’objectif premier de la réforme était la lutte contre le renoncement aux soins. Nous la soutenons depuis le début et nous savions que 2021 serait une année forte, avec un surcoût initialement évalué à 230 Ms €. Mais peut-être que l’ensemble des acteurs concernés avaient un peu sous-estimé le non-recours ».
En optique en revanche, le 100% santé peine à s’imposer, avec seulement 7 % des équipements vendus relevant de ce panier, contre une hypothèse de 20% lors de l’élaboration de la réforme. Ce faible recours risque fort de perturber l’équilibre de cette dernière, alors que des économies étaient attendues sur ce poste.
Les premières données pour juillet, août et septembre confirment les tendances observées au premier semestre. Toutefois, l’effet rattrapage des soins devrait progressivement s’atténuer pour permettre de tirer tous les enseignements de la montée en charge du 100 % santé.