Les données du PLFSS et ses projections à moyen terme sont là. Imparables et constantes. D’ici 2025 et certainement au-delà, le déficit de la branche Maladie sera le double de celui de la branche Vieillesse.
Paradoxalement, tous les observateurs et commentateurs concentrent leur attention sur le dossier retraite. Au point que même l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, fait de cette question l’élément central du potentiel d’économies que doit réaliser le pays dans les années à venir. Une posture tactique bien sûr, mais une sorte d’étrangeté eu égard aux perspectives sérieuses des régimes sociaux. Crise oblige, les comptes sociaux plongent et nous nous retrouvons finalement avec 72 Mds € de déficits cumulés. Un « moindre » mal qui tient davantage de l’accumulation des excédents des branches Famille et AT-MP. Une situation malsaine en soi.
L’Assurance Maladie, déficitaire depuis près de 35 ans, voit ses comptes échapper à toute politique économique sérieuse. Le coût engendré par la crise sanitaire et les mesures structurelles prises lors du Ségur ne doivent pas supplanter l’impératif de solutions quitte à secouer un peu le cocotier. Soit on réduit le rythme des dépenses, soit on renfloue la branche. Le dilemme est simple, mais à défaut de celui-ci, le débat financier perd tous sens. Les objectifs de pertinence des soins et de quête d’efficience dans les dépenses ne doivent pas éternellement être mis de côté.
Alors, attention à la prochaine période électorale propice à toute promesse fumeuse. La période du « quoique vous aimeriez entendre » risque de succéder au « quoiqu’il en coûte ». Bon courage au candidat qui ne promettra pas une Grande Sécu ou le 100 % santé généralisé à tous les soins… dans un tel contexte, il faut désormais prendre conscience que L’Assurance Maladie n’est désormais plus appelée à demeurer une assurance sociale. Les dernières décisions stratégiques et prises de position gouvernementales expriment clairement cette ambition d’en faire le bras armé de l’État. Doucement, mais sûrement, elle se transforme en un NHS light à la sauce française avec son lot de paradoxes. Pour quel résultat au final ? L’avenir (proche) nous le dira.