Un mois après le lancement du Conseil national de la refondation (CNR), le coup d’envoi de son volet santé a été donné lundi au Mans. Quelque 400 citoyens, élus, professionnels étaient présents au Palais du Congrès pour son lancement en présence de François Braun, ministre de la Santé, et d’Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale.
«Le CNR c’est une méthode et des principes directeurs. Mais c’est surtout une dynamique pour donner à l’échelon local, comme à l’échelon national, de nouveaux outils pour accélérer, débloquer, innover», a souligné François Braun dans son discours de clôture. «Je crois fermement à l’intelligence des territoires. C’est localement, en mettant tous les acteurs autour de la table, que nous trouvons le plus facilement des réponses», a-t-il ajouté. Après ce lancement dans la Sarthe, le CNR santé «sera suivi sur tous les territoires de France» dès la semaine prochaine et jusqu’à la fin de l’année.
Quatre problématiques sont au menu des échanges : «donner accès à un médecin traitant ou à une équipe traitante à tous» ; «avoir une réponse d’urgence partout accessible, et de qualité» ; «mobiliser les leviers locaux d’attractivité pour les métiers de la santé» ; «créer une nouvelle alliance entre les acteurs locaux pour que la prévention entre réellement dans le quotidien de tous les Français».
A côté de ce cadre commun, les «défis propres à chaque territoire» seront également abordés. Dès la semaine prochaine, François Braun transmettra aux directeurs généraux des ARS, «les modalités que nous leur proposons de retenir, avec les préfets, pour engager ces concertations sans délai, sur tout le territoire, en lien étroit avec les élus et avec l’appui du réseau de l’Assurance maladie».
En matière d’accès à la santé, le ministre a insisté sur la mobilisation des CPTS, là encore, «avec l’appui de l’Assurance maladie» pour «aider les personnes en ALD, les personnes âgées, les personnes handicapées, les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire à trouver en priorité un médecin traitant». Il a également évoqué d’autres leviers comme le recours accru aux assistants médicaux, la généralisation des CPTS, la solidarité entre les territoires, ou encore des consultations avancées de praticiens, «si besoin remplacés dans le territoire quelques jours par an y compris par un docteur junior». La négociation conventionnelle avec les médecins libéraux, qui s’ouvrira «d’ici la fin du mois», abordera ces enjeux. «Nous sommes prêts à donner les moyens à l’Assurance maladie d’investir dans cette convention. Mais les partenaires conventionnels devront s’engager : liberté et responsabilité, droits et devoirs, revalorisation et contrepartie. Quels que soient les termes utilisés, il y aura un équilibre à trouver pour progresser ensemble», a-t-il ajouté.
Concernant la continuité de soins, le service d’accès aux soins sera généralisé dès l’année prochaine. Et la question du «partage de compétences» devra être traitée. «Je laisse aux Ordres l’opportunité de s’entendre (…) A défaut, avec Agnès Firmin Le Bodo, nous prendrons nos responsabilités, car c’est ce que nos concitoyens attendent». En matière de prévention, l’Assurance maladie sera mobilisée sur des axes prioritaires : «vacciner davantage, dépister mieux, lutter contre l’obésité, agir pour la santé des enfants».
Le ministre est aussi revenu sur le défi de l’attractivité. «Notre ambition est de transformer les métiers, et construire de nouveaux cadres d’exercice», a-t-il souligné avançant la poursuite de la «rénovation des formations initiales». Le CNR doit être «un vecteur d’accélération forte de la transformation de notre système sur les perspectives d’évolution des carrières», notamment en passant par l’apprentissage, la VAE, les passerelles, les contrats d’engagement de service public. Le nombre d’IPA formés a également vocation à augmenter.
Enfin concernant les établissements de santé, le ministre a évoqué la thématique du «mieux vivre à l’hôpital». Parmi les chantiers conduits dans ce cadre, «la nécessité de réinvestir l’échelon du service hospitalier» (préconisé par la mission Claris), ainsi qu’une réflexion sur les conditions particulières d’exercice, ou encore la simplification.
Au-delà du CNR, François Braun a annoncé l’ouverture de «trois chantiers de prospective» : la transition écologique, l’évolution «sur le long terme» des métiers de soignant, «la soutenabilité financière de notre système de santé».