Les mots prononcés mercredi soir par Emmanuel Macron sont à la fois forts et indiscutables. Au-delà de la panoplie des mesures annoncées par le chef de l’Etat, on ne le répétera jamais assez, la seule parade possible face au virus relève de la discipline individuelle et collective en matière de prévention du risque. C’est aussi à cela que l’on mesure le degré de maturité d’un pays.
En sommes-nous capables ?
Face à cette exigence, il nous est impératif de mobiliser l’ensemble des acteurs de santé. Or, on a le sentiment que l’Etat favorise toujours un écartèlement entre le rôle essentiel conféré à l’hôpital et les missions perçues à tort comme secondaires pour la médecine de ville. L’impression de décalage, en termes
de dynamique collective enclenchée, entre le Ségur de la santé et la négociation conventionnelle actuellement en cours entre l’Assurance-Maladie et les syndicats médicaux en est un parfait exemple.
Aucun système de soins au monde ne réussira à endiguer la marée de la Covid-19 en maintenant des barrières entre les acteurs de soins de ville et le monde hospitalier et en ne responsabilisant pas le citoyen patient.
On souhaite « soulager » les équipes hospitalières, notamment les zones rouges ? Durcissons les règles collectives de comportement tout en impliquant fortement la médecine de premier recours. Dans ce cas, comme dans d’autres, le concept d’interdépendance des différents acteurs de la chaîne de soins a dépassé le stade de la théorie.
Ne nous y trompons pas, la responsabilité est ici globale. Tout semble s’organiser autour de la seule dimension hospitalière dans la prise en charge des patients contaminés. Etat, administrations, politiques, experts, scientifiques et médias poussent dans ce sens. Il n’y a qu’à regarder le débat public actuel, tournant quasi uniquement autour de la seule question du nombre de lits de réanimation. La gestion de cette crise doit-elle donc être unidimensionnelle ? Nous serions bien les seuls à le penser.