C’est entendu, l’accord obtenu au « forceps » sur le plan financier de sauvetage et de relance des économies de l’Union européenne est historique. Par sa nature, sa puissance, sa portée structurelle quant bien même l’accord est qualifié de « décision exceptionnelle » par les 27 pays membres.
Cela dit, les positions en présence sont néanmoins paradoxales.
On qualifie ainsi les pays réticents (Pays-Bas, Autriche, Suède, Finlande et Danemark) de « frugaux ou radins ». Oubliant au passage que ces nations furent (et demeurent) des Etats profondément démocratiques, aux économies très socialisées (fondateurs de l’Etat providence), attachés aux droits de l’homme et des femmes bien avant d’autres, porteurs de droits nouveaux (lutte contre la précarité) et ayant des systèmes de santé souvent mieux organisés et gérés que d’autres… Ces pays eurent le courage de réformer et moderniser leurs systèmes sociaux. Ce qui chez nous relèvent toujours de l’intention.
A contrario, les nouveaux européens (anciennes nations dites des PECO), largement bénéficiaires de la manne de Bruxelles, ne peuvent en dire autant…A commencer par le respect de l’Etat de droit.
S’ajoute à ce paradoxe, un second aspect, la baisse budgétaire actée des engagements de l’UE sur les chantiers de la santé (là on ne comprend pas) et du numérique. Le budget pour la période 2021-2027 perd ses ambitions (elles étaient déjà faibles) au mépris des souhaits du Parlement de Strasbourg.
Au final, un accord historique certes mais qui met en lumière le paradoxe d’une Europe aussi fondamentalement indispensable que mal fagotée dans son organisation et sa régulation.