Après avoir souligné son attachement au dialogue social à plusieurs reprises, Jean Castex est passé de la parole aux actes en recevant les syndicats et le patronat, vendredi dernier à Matignon. La rencontre a duré plus de trois heures, après une série de bilatérales organisées début juillet.
Parmi les ministres étaient présents Olivier Véran (Solidarités et Santé), Brigitte Bourguignon (Autonomie), Elisabeth Borne (Travail), Bruno Le Maire (Economie) et Barbara Pompili (Transition écologique).
Le chef du gouvernement a accepté de revoir son agenda social, en repoussant la réforme des retraites. « Nous lui appliquerons une nouvelle méthode, d’abord en distinguant très clairement le caractère structurel de cette réforme qui vise à plus de justice de tous ses éléments financiers, en reprenant la concertation dans les mois à venir pour en améliorer le contenu et la lisibilité », a-t-il déclaré. Selon les partenaires sociaux participants à cette réunion à Matignon, ce chantier sera décalé « au moins jusqu’à la fin de l’année ».
« Nous continuons de croire qu’un système universel est plus juste mais la priorité n’est pas celle-ci aujourd’hui », a souligné Laurent Berger. Pour le secrétaire général de la CFDT, ce décalage « correspond à notre volonté de ne pas faire du sujet des retraites un sujet de l’été et de l’automne, mais plutôt se laisser le temps du diagnostic pour voir d’abord comment on aura été capable de répondre ou non aux enjeux de lutte contre le chômage, de maintien de l’emploi, de lutte contre la paupérisation, avec une priorité mise en direction des jeunes ». « On restera en désaccord sur le principe même de cette réforme des retraites », a averti, quant à lui, Yves Veyrier, secrétaire général de FO, sur France Info, tout en saluant plus globalement un « véritable changement de ton ».
La totalité de la réforme de l’assurance chômage, décriée par les syndicats, est également reportée à début 2021 (y compris les mesures déjà entrées en vigueur en novembre dernier, durcissant les conditions d’ouverture de droits et de leur rechargement).
Pour Jean Castex, « la priorité des priorités, c’est la lutte contre la crise et le chômage, et le retour à une croissance économique qui sera riche en emplois durables ». Des concertations se tiendront dès cette semaine au ministère du Travail sur l’emploi des jeunes.
Les partenaires sociaux devraient également recevoir un agenda des prochaines concertations à venir qui porteront notamment sur la perte d’autonomie et le financement de la protection sociale. Une nouvelle conférence sociale sera convoquée en octobre prochain. Le changement de méthode impulsé par ce nouveau gouvernement a été largement salué par le patronat et les syndicats.