dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Le principal problème du projet économique et social d’Emmanuel Macron, qui explique une partie du mécontentement de l’opinion, tient à son absence de clarté et de perspectives. Il est d’ailleurs peu sain que seul le président de la République soit en mesure d’en expliquer les tenants. Peu surprenant alors que nos compatriotes ne masquent guère leur déception voire leur hostilité. Pourtant, la démarche présidentielle se veut révolutionnaire. Prenant acte des mutations irréversibles de l’économie, le chef de l’Etat entend favoriser un nouveau système économique, certes plus flexible mais aussi plus réactif en termes de production de richesses et d’emplois. Macron estime que l’économie peut créer plusieurs centaines de milliers d’emplois en libérant l’initiative. D’où le plan gouvernemental généreux envers les créateurs d’entreprise.
Certes, l’activité économique classique perdurera. Mais la dynamique de l’innovation bouscule définitivement le paysage traditionnel. Il y aura davantage de PME-TPE souvent axées sur les services, le digital et la dématérialisation de la production de valeur ajoutée. Dès lors, le modèle social-corporatiste français doit s’adapter à ce nouveau monde. D’où l’appel à de profondes réformes de la Sécurité sociale, voire de la protection sociale conçue autour du principe d’universalité de droits et de gestion.

Emmanuel Macron veut une société à la fois plus égale, plus solidaire, en réduisant les différences de droits et de prises en charge des risques sociaux, contrepartie d’une économie plus flexible, un Code du travail adapté en conséquence, et des parcours professionnels moins linéaires, centrés sur des projets plus entrepreneuriaux. Une sorte de composé entre
le dynamisme économique et de l’emploi aux Etats-Unis et la forte solidarité des Etats providence d’Europe du Nord. Les réformes ainsi projetées sont-elles pour autant légitimes et gages d’efficacité  ? Le simple décalque des autres systèmes ne forme pas une cohérence acquise d’emblée. En quoi la disparition-intégration du RSI au régime général rendra le recouvrement des cotisations des artisans et commerçants plus aisé ? En quoi la nationalisation de l’assurance-chômage ferait-elle, ipso facto, disparaître son déficit dû en partie aux mauvaises manières de l’Etat ? En quoi un régime de retraite universel à points résoudra le défi démographique ?

Résumons-nous : faut-il faire de l’Etat un Jupiter social ? Comme le dit un économiste, l’Etat social lorsqu’il veut le bien souvent le fait mal et inversement…


 Illustration : DR
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