Nous aurons l’occasion de reparler du dossier de la réforme des retraites, puisque l’exécutif a décidé de donner du temps au temps.
Notre attention se porte plus immédiatement sur le rapport parlementaire concernant la fraude sociale. Porté par la sénatrice UDI Nathalie Goulet et la députée LREM Carole Grandjean, le texte qui sera remis officiellement fin septembre à Edouard Philippe se veut spectaculaire dans ses constats et ses recommandations. Reste que le buzz médiatique qu’il suscite ne croise pas l’exigence de crédibilité, tant pour les constats que pour les recommandations.
Ainsi, selon les données Insee, notre pays compterait plusieurs millions de centenaires (guère plus de 15 000 en réalité) pour cause d’imprécisions sur des personnes « réputées en vie ». Plus encore, la France aurait plus de 80 millions d’habitants. Invraisemblance bien sûr que ces données issues paraît-il de l’Insee, gestionnaire du recensement démographique du pays avec des chiffres autrement plus solides. Et, par voie de conséquence, intox générale alimentée sur le périmètre potentiel de la fraude sociale en France. Dommage que ce soient des parlementaires réputés sérieux qui se livrent à un exercice pareil, fondé sur des approximations statistiques émanant d’un organisme d’Etat qui n’est cependant pas chargé de la délivrance des prestations sociales ni du recouvrement des cotisations.
Donner crédibilité à ces chiffres fantasmagoriques discrédite le travail réel et consciencieux des organismes de Sécurité sociale qu’ils s’appellent CPAM, CAF, Urssaf, Carsat ou encore MSA.
Récemment, l’Acoss projetait après une étude pointue que la fraude aux cotisations (la plus courante évidemment) avoisinait 6 à 7 Mds €, soit 1 % de la masse salariale du privé du pays… C’est déjà trop, mais certainement loin des approximations émanant d’ailleurs.
Tout aussi invraisemblables sont les pistes connues des solutions prônées par les parlementaires comme la carte Vitale de deux ans, l’obligation pour les 67 millions d’habitants du pays de donner chaque année une preuve de vie ! Il faut « croiser les données des administrations », disent-elles. Cela se fait. Et « renforcer les contrôles physiques et le passage à la biométrie ». La biométrie, on y viendra un jour. Quant au contrôle physique…
La fraude sociale en France, toujours une machine à fantasmes !