dans PRÉVOYANCE

Tour d’horizon de l’actualité et des réflexions en cours à l’Union des groupements des employeurs mutualistes (Ugem) avec Marc Tranchat, son président (également vice-président de la MGEN).

Quels sont le rôle et le périmètre de l’Ugem ?

L’Ugem a été créée au début des années 2000 pour rassembler les employeurs mutualistes sous une même convention collective. Elle représente 400 entreprises et 55 000 salariés, sur un total de 85 000 à la mutualité.

L’objectif de la branche est d’avoir une stratégie d’employeur mutualiste pour développer une politique sociale conforme aux objectifs du secteur. L’essentiel des adhérents sont des mutuelles de Livre II, mais nous avons aussi des Livre III. L’Ugem regroupe donc une diversité d’activités.

Quelle articulation avec la FNMF ?

Nous avions imaginé une fusion ou une réintégration au sein de la FNMF, mais cela était juridiquement impossible.

Nous renforçons nos liens avec la fédération concernant la représentation de l’Ugem vis-vis des pouvoirs publics et des autres acteurs de l’ESS. Le mouvement est insuffisamment perçu dans sa dimension d’employeur, or si une mesure attaque la mutualité elle impacte aussi les emplois.

Quels sont les autres chantiers en cours?

L’essentiel de notre activité porte sur la négociation avec les organisations syndicales. Les prochains mois seront consacrés à la prévoyance, le dispositif de désignation arrive à son terme.

Nos autres thèmes sont consécutifs à la loi travail et portent aussi sur le temps partiel et le contrat de génération.

Nous conduisons des travaux sur la prospective des métiers et de l’emploi. Dans le cadre du Pacte de responsabilité, nous avons négocié un accord ambitieux avec l’objectif de 10 000 recrutements. Il sera atteint : nous sommes déjà à plus de 5 000 en un an et demi. La mutualité a toujours privilégié le maintien de l’emploi aux salaires.

Où en êtes-vous sur la négociation salariale ?

Les entreprises mutualistes veulent avoir plus de marge de manœuvre pour individualiser les rémunérations, mais les syndicats revendiquent des augmentations générales. Il y a donc eu des tensions et une vraie complexité à trouver une stratégie pour la Négociation annuelle obligatoire (NAO). Ce qui a conduit à une décision unilatérale de l’employeur, en début d’année. Cependant, le dialogue social n’a jamais été rompu.

Quelles sont vos réflexions sur la digitalisation et la transformation des métiers?

Notre Observatoire des métiers en mutualité (Oemm) a engagé des travaux qui devraient être présentés à notre assemblée générale le 16 juin. Plusieurs aspects sont liés aux nouveaux métiers issus du digital mais le contact avec l’adhérent reste la force de la mutualité.

Nous devons aussi réfléchir à l’utilisation des données pour accompagner nos adhérents tout au long de la vie, ce qui créera de nombreux métiers avec des mutations sur l’accompagnement, la prévention. Et le nouveau code de la mutualité pourrait permettre d’intégrer certaines professions dans la convention collective. Les informaticiens par exemple, alors que certaines mutuelles ont créé des GIE relevant de la convention Syntec.

Et sur le front-office et le back-office ?

Le back-office impacte lourdement les coûts de gestion, son regroupement dans des unités est donc une tentation. Nous devons retravailler sur ce sujet.

Dans les usines à back-office, l’emploi n’a pas diminué malgré l’automatisation de certaines opérations. Le back-office existera toujours même s’il prend une forme différente.

Comment évaluez-vous l’impact des fusions et regroupements ?

Globalement l’emploi mutualiste n’a pas baissé. Les effectifs sont maintenus dans la plupart des regroupements grâce à des reconversions professionnelles et un accompagnement des collaborateurs.

Les pertes portent plutôt sur les transferts d’activités, en particulier vers les Cpam ou la Cnamts pour la gestion du régime obligatoire, comme MFP Services pour les fonctionnaires.

La philosophie de l’emploi mutualiste est différente. Les salaires sont certes moins attractifs par rapport à d’autres secteurs concurrents, mais les modalités de fixation des objectifs et de rémunération sont différentes avec plus de sens accordé au collectif par rapport à l’individuel.

Comment est appliqué l’accord relatif aux personnes en situation de handicap ?

 Une des difficultés de la branche porte sur l’appropriation de nos accords. Environ 30% des mutuelles répondent à leurs obligations d’emploi de travailleurs handicapés à hauteur de 6%, nous progressons mais la mutualité peut encore mieux faire.


Photo: Philippe Chagnon / Cocktail Santé
Articles recommandés

Tapez votre recherche et pressez ENTREE pour la valider