Le destin des classes moyennes, les ultra-riches et l’égalité des chances
Branko Milanovic est connu du public international pour sa « courbe de l’éléphant ». Cette courbe, d’abord controversée puis plébiscitée, permet de «visualiser clairement l’une des principales caractéristiques de la mondialisation des dernières décennies ».
En effet, la courbe de l’éléphant traduit les conséquences de la mondialisation sur les l’évolution des revenus des différentes classes actives des pays riches; des pays émergents et des pays pauvres. Branko Milanovic indique que la mondialisation profite aux classes moyennes et pauvres des pays émergents, mais pas aux classes moyennes des pays riches.
A contrario, elle profite clairement aux classes riches des pays riches : « Pour résumer : les personnes comprises entre les percentiles 70 et 90 de la répartition mondiale des revenus, c’est-à-dire grosso modo les classes populaires et moyennes des pays riches, ont été largement oubliées par la croissance mondiale des trente dernières années, qui a en revanche fortement bénéficié aux autres groupes, placés au-dessous et au-dessus d’elles, c’est-à-dire les ménages des pays pauvres et émergents (le dos de l’éléphant) et plus encore les ménages les plus riches des pays (le haut de la trompe). »
Cette courbe permet donc de mieux appréhender les inégalités à travers le monde et de mieux saisir la complexité du « débat public sur la mondialisation ».
D’aucuns applaudissent la diminution du seuil de pauvreté mondiale dans la mesure où cette dernière reflète la croissance dans les pays émergents, tandis que d’autres regrettent l’appauvrissement du pouvoir d’achat engendré par « l’hypercapitalisme mondialisé ».L’auteur énonce certaines conséquences politiques de « la distribution inégale des revenus » mondiaux et conseille d’adopter des solutions concrètes pour y remédier.
Branko Milanovic, ex-économiste en chef à la Banque mondiale, est professeur à la City University of New York.