Au-delà le symbole de la non-signature d’un texte conventionnel, un moment toujours charnière dans l’organisation de la médecine de ville, la séquence entamée depuis l’automne laisse tout autant un sentiment de gâchis collectif que l’histoire semblait écrite d’avance.
Car au-delà de la valorisation des consultations, n’y a-t-il pas derrière cet échec un manque de discernement, tant de la part de la CNAM que des médecins, sur l’évolution de la profession que sur la méthode à employer ? Un devoir d’introspection s’impose.
Autant mettre directement les pieds dans le plat. Faut-il s’arcbouter à défendre l’exclusivité d’un exercice libéral ? Si du côté syndical, poser cette question relève du crime de lèse-majesté, on est en droit d’attendre de l’Assurance Maladie un peu de plus d’ouverture d’esprit et de pragmatisme. Après tout, l’accès aux soins de nos concitoyens reste la première des priorités. Dès lors, stigmatiser et opposer l’exercice salarié au modèle libéral, combat historique des syndicats médicaux, demeure-t-il opportun ? Pas nécessairement. Deux approches peuvent co-exister, voire plus. L’air du temps est à l’assouplissement, à l’hybridation et à la multiplicité des modes d’exercice. Problème, l’Assurance Maladie ne semble pas non plus avoir intégré cette dimension. Ou à défaut, elle ne le dit pas assez clairement au travers des orientations qu’elle escomptait prendre dans cette convention.
En outre, il devient de plus en plus difficile de trouver des vertus au système conventionnel actuel. Peut-on décemment croire, dans un monde post-Covid, que les solutions de terrain doivent se décider uniquement depuis Paris ? Notre médecine de ville continue d’étouffer de ces logiques de centralisation à outrance de sa gouvernance. Et on ne s’attardera pas sur cette implacable volonté des pouvoirs publics d’imposer des logiques d’uniformisation des pratiques comme si les réalités médicales étaient homogènes sur l’ensemble du territoire national. Bon nombre d’élus locaux l’ont bien compris et agissent de leur propre chef sans demander l’autorisation aux instances nationales. Qui oserait les condamner ? Imaginer un mécanisme conventionnel déconcentré s’appuyant sur un socle national modulé en fonction des besoins territoriaux est-il si utopique que cela ?
Alors quand François Braun affirme que nous allons perdre deux ans dans la modernisation de notre système sanitaire à la sortie de cet épisode, difficile de le contredire. Mais à qui la faute ?