dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Souvenons-nous de septembre 2018.

Pendant plus d’une heure, Emmanuel Macron annonçait les grands thèmes d’un projet ayant pour ambition de transformer un système de santé jugé à bout de souffle : partir du besoin du patient, développer l’exercice coordonné en cassant les cloisons entre ville et hôpital, favoriser l’accès à la téléconsultation, supprimer le numerus clausus, exploiter le potentiel des données de santé, instaurer une culture de la qualité des soins, plafonner la T2A à 50 % dans les établissements…

Un catalogue impressionnant, ayant pour finalité, selon le président de la République, de passer d’une culture du «cure» (soins) au «care» (préventif).
Une stratégie qui, à l’époque, avait été saluée par l’ensemble des acteurs médicaux et institutionnels. Fait plutôt rare pour être souligné. Alors, quand le président de la République déclarait récemment que le gouvernement s’était un peu trompé dans ce projet, nous sommes tentés de lui répondre : non !

La gestion de la crise du Covid-19 ne doit pas balayer de telles ambitions, surtout quand elles font consensus.
C’est en quelque sorte ce qu’a reconnu Olivier Véran quelques jours plus tard, quand il affirmait que le gouvernement «avait fait le bon diagnostic, mais n’a pas été assez vite». Certes, un certain nombre des éléments de cette réforme étaient voués à être développés sur un horizon de cinq-dix ans, engendrant une certaine déconnexion temporelle avec des problématiques contemporaines (pénurie de médecins, crise des urgences, etc.). Mais la révolution systémique pouvait-elle se faire de manière réaliste en dix-huit mois, là où les Scandinaves ont mis dix ans ?

Un nouveau plan hôpital peut faire sens. Mais uniquement s’il s’insère dans une logique d’efficience systémique qui intègre les payeurs publics et privés, les patients, les industries de santé, le médico-social… Le tout en s’appuyant sur cinq ingrédients fondamentaux : la constance, la fin d’une certaine forme de corporatisme, la décentralisation du système, l’implication et la responsabilisation de tous. Rien de révolutionnaire là-dedans, ce n’est juste que la recette utilisée par nos désormais fameux pays dits modèles.

Le Ségur de la santé entend en reprendre certains éléments.
Ce n’est pas mal, mais est-ce que cela sera suffisant ?

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