On attend les détails des annonces hospitalières pour juger la pertinence de l’approche d’Agnès Buzyn.
Avec un peu de recul, on ne peut cependant que regretter le temps pris pour ces ajustements sur l’intérim, les rémunérations, la dette des établissements pour ne citer que ces seuls aspects. Lesquels pèsent depuis de nombreuses années. On doit surtout déplorer le retard pris pour concrétiser la profonde mutation potentielle de l’organisation des soins. Progrès thérapeutiques d’abord, apport du numérique ensuite, lesquels, combinés, bousculent la conception et l’organisation classique de l’hôpital. Renforcer ce dernier dans ses murs et ses frontières statutaires, managériales contredit l’évolution indispensable de l’offre de soins. La France est à rebours de ce qui se passe ailleurs. Nous ne répéterons jamais assez que la meilleure des réformes hospitalières est d’abord celle de la médecine de ville. Laquelle est quasi inexistante en dépit des déclarations officielles et de l’amoncellement de plans. Que l’on songe que le principal problème aujourd’hui est, paraît-il, l’accès aux soins. Un comble au XXe siècle !
Comment être le champion d’Europe des dépenses et supporter de telles carences qui nous renvoient aux années 1960 où l’on manquait à peu près de tout en santé ?
Changeons de registre pour accorder un point d’avance sur Emmanuel Macron à Jean-Paul Delevoye sur la question de la clause dite du « grand-père » à propos de la date d’application de la future réforme des retraites.
Soit cette clause est généralisée, auquel cas la réforme est dénaturée par principe. Un « 43e régime en fait », dit le haut-commissaire. Soit on dissocie la clause selon les secteurs professionnels et, là, il s’agirait d’une rupture politique, sociale et juridique. La question est donc de savoir si la future loi retraite peut traiter différemment des situations similaires dans un régime universel de retraite. La jurisprudence du Conseil constitutionnel s’oppose normalement à cette rupture d’égalité en droit. Normalement disons-nous, car la haute juridiction a, par le passé, donné des coups de canif à ce principe fondamental.
Nous le vîmes pour la défiscalisation des heures supplémentaires, la CSG des retraités maltraités par rapport aux actifs pourvus de revenus supérieurs, pour ne citer que ces cas.