La fin de semaine dernière aura indubitablement été marquée par la victoire, que disons-nous la déroute, infligée par le XV de France de rugby aux Anglais sur leurs terres. Un exploit historique qui fera date.
En parallèle, la Cour des comptes faisait dans le cadre de son rapport annuel une évaluation des politiques de décentralisation. Notamment, en ce qui concerne les soins de premiers recours. S’il n’existe aucun lien direct entre ces deux faits, une analogie est toutefois possible tant ils sous-tendent l’impérieuse nécessité de notre façon d’organiser la performance collective.
Si nous devions synthétiser les conclusions des sages de la rue Cambon en une phrase, elle pourrait être la suivante : la décentralisation serait être un formidable levier d’accès aux soins si l’on définissait un cadre souple, et simplifié, dans lequel les organisations de terrain assumeraient un rôle de pilotage accru. Une analyse qui fait consensus depuis longtemps, mais qui pêche à aboutir à des transformations organisationnelles. La faute incombant tout autant aux instances nationales peu désireuses de perdre, tout ou partie, du pouvoir qu’elles détiennent, qu’aux acteurs qui tardent à endosser davantage de responsabilités tant individuelles que collectives. Le rugby français souffrait jusqu’à peu des mêmes maux avec, cherry on the cake*, une instabilité chronique dans son modèle de gouvernance et des joueurs bien formés incapables de reproduire sur le pré des performances à la hauteur de leurs talents individuels… En prenant son poste de sélectionneur, Fabien Galthié a décidé de bousculer les choses, tout en embrassant cette réalité.
Son credo : définir en amont avec ses joueurs les contours d’un cadre de jeu leur permettant de faire preuve d’initiative, d’anticipation et d’adaptation pour répondre aux standards de performance nécessaires pour gagner. Une approche qui repose sur la confiance. Celle liant ceux qui définissent le cadre et ceux, qui sur le terrain, ont la liberté d’agir à condition d’en assumer le résultat. Pouvait-il procéder différemment et opter pour quelque chose de plus rigide, de plus normé ? Déjà essayé et pour peu de résultats, car le Français n’a pas la discipline de l’anglo-saxon et, ne l’aura probablement jamais.
Cette méthode fonctionne, car elle a su aussi assumer une forme de stabilité et de continuité malgré certaines défaites cuisantes. La vertu de la constance dans le sport de très haut niveau n’est plus à démontrer. Elle peut être transposable à d’autres secteurs. Celui de la santé en est un.
* cerise sur le gâteau