Il n’y a pas que les retraites dans l’actualité… Nos lecteurs savent que la négociation conventionnelle Uncam-médecins est en cours. Mais, là aussi, les choses prennent une mauvaise tournure. Dans ce numéro, nous dévoilons les coulisses du dossier. Les responsabilités du blocage actuel sont forcément partagées.
On ne peut exonérer d’abord les syndicats de médecins libéraux pour ce qui relève de combats et de postures d’arrière-garde. Plus largement le corps médical français dans son expression collective tarde à comprendre les mutations à réaliser. La France médicale est toujours venue tard à tout ! Ayons un peu de mémoire car depuis près de 40 ans, ils se sont majoritairement opposés aux premiers pas des évolutions permises par la carte Vitale, l’informatisation des cabinets (ça dure encore pour certains), les tarifs opposables, les paiements au forfait, l’exercice coordonné, les dispositifs numériques (DMP en tête), le tiers-payant généralisé, l’extension des missions des paramédicaux… que l’on songe à la vaccination contre la grippe saisonnière où les généralistes évoquaient un risque de santé publique à voir confier des responsabilités aux pharmaciens et aux infirmiers ! À peu près toutes les évolutions tendant à moderniser l’exercice d’une médecine libérale, très largement socialisée, firent l’objet de rejets préalables avant d’entrer dans les mœurs professionnelles.
Côté État et Assurance Maladie, ce n’est guère mieux. Avec l’excès de contraintes, la méfiance et le refus de comprendre l’impératif d’un investissement sérieux sur la médecine de ville, gage du bon sens médical et du soulagement des hôpitaux. Pour preuve, une mission est en cours sur les voies de la simplification. Si l’on parle de simplification, c’est peut-être qu’on a trop complexifié les choses depuis (trop) longtemps… CQFD.
Qu’attendre alors ? Nul ne croit que les mesures débattues dans ces travaux conventionnels vont réellement renverser la table. Comme d’habitude, on « tiendra le coup ». Mais pour combien de temps encore ?