Dans quelques jours, le 13 mars prochain, pour être exact, nous fêterons le 60 e anniversaire du Traité de Rome.
Dans le contexte international, européen et national que nous connaissons, subissons, devrait-on dire, ce rendez-vous prend une saveur particulière. Amère en fait. Car la dénonciation de l’Europe, devenue le lot commun de la grande majorité des candidats à l’élection présidentielle, des « seconds couteaux » en réalité, relève d’un mensonge sans précédent. Dénoncer les politiques de Bruxelles comme la cause de nos malheurs est une supercherie morale et politique. Elle fait fi de notre histoire et des réalités. On peut toujours rêver d’un monde meilleur, d’une Europe plus solidaire, nous en sommes ! Mais cette avalanche de mensonges sur l’agriculture, la monnaie, les budgets publics et sociaux est insupportable !
L’Europe n’est pas le problème de la France. À regarder de près les choses, ce serait même plutôt l’inverse. Il n’est pas un domaine où notre pays, depuis 60 ans, n’a pas profité peu ou prou de la construction européenne. Certes, l’on doit dénoncer les excès de Bruxelles, son interventionnisme tatillon, sa trop faible appétence pour la protection de nos frontières et de nos acquis industriels au profit d’un mondialisme économique et financier naïf. Pour autant, le décrochage de l’économie française, avec les conséquences sociales qui en résultent, est largement notre responsabilité et celle de nos lâchetés politiques.
Les candidats à l’élection de mai prochain seraient donc avisés de travailler de temps à autre leurs dossiers pour éviter l’inanité de leurs projets.
Flatter les électeurs en leur faisant miroiter des lendemains qui chantent avec un retour au protectionnisme, au repli sur soi, aux discriminations, voire au nationalisme est honteux. « Le nationalisme c’est la guerre », déclarait justement François Mitterrand.
Alors profitons de ces lignes pour rendre hommage aux hommes et aux femmes, comme Monnet, Schuman, de Gaulle, Pompidou, Giscard, Veil, Mitterrand, Delors, Chirac, d’autres encore, qui ont toujours, au delà de leurs différences, choisi d’élever notre pays par le dépassement de l’égoïsme national.
Avec le recul nécessaire à un rebond de notre, Europe et France se confondront encore.