dans ASSURANCE MALADIE

A l’occasion de la visite du nouveau siège de la Caisse centrale de la MSA, ESE a rencontré Michel Brault, son directeur général, pour un échange sur les questions d’actualité et les perspectives du régime agricole.

Le PLFSS 2018 finit son parcours parlementaire, que retenez-vous de ce texte ?

Pris dans sa globalité, ce PLFSS est sans surprise en reprenant point par point les propositions du candidat Macron. Au final nous assistons à un pilotage renforcé de l’Etat sur les différentes branches de Sécurité sociale tant sur l’aspect organisationnel que sur la partie gestion. L’évolution à marche forcée du RSI en est un parfait exemple. Nous la regrettons car il aurait été plus opportun de construire des synergies avec le régime général ou le nôtre dans une optique d’amélioration de la qualité de service plutôt que d’en arriver à cette extrémité. Sur les autres articles de ce projet de loi, nous accueillons positivement la plupart des articles de ce PLFSS tels que les baisses de charges pérennes en compensation de la fin du CICE, les ambitions portées en termes de prévention sur le tabac et la vaccination, le déploiement généralisé de la télémédecine et enfin le volet innovation. Sur ce dernier point, nous avons été particulièrement sensibles à la volonté de la ministre de s’appuyer sur les initiatives issues du terrain pour faire avancer notre système de santé. Attention toutefois à ne pas céder à ce vieux réflexe français de vouloir tout uniformiser. La santé de demain se construira efficacement en s’adaptant aux spécificités de chaque territoire. Nous avons en parallèle émis le souhait d’être associé à la Stratégie Nationale de Santé car le maillage territorial de la MSA peut se révéler être un atout dans cette démarche.

Attention, régime universel ne veut pas dire régime unique. Nous comprenons la volonté gouvernementale de tendre vers une harmonisation entre régimes mais il ne faut pas vouloir à tout prix intégrer tous les acteurs dans un régime de Sécurité social unique.

Comment percevez-vous la stratégie gouvernementale de concentrer à terme les différents régimes de Sécurité sociale dans un régime unique ?

Nous suivons de près les orientations prises par le gouvernement dans le cadre du régime des indépendants, du régime étudiant et de la gestion du RO par les mutuelles de fonctionnaires. En effet, on peut penser qu’il y a derrière ces évolutions la volonté de réorganiser la Sécurité sociale de manière profonde. Lors de nos échanges avec les équipes ministérielles, les conseillers nous ont confirmé que l’ambition de ce gouvernement était de construire un régime de protection social universel dans lequel les spécificités propres à notre régime seraient conservées (guichet unique, médecine du travail,…). Attention, régime universel ne veut pas dire régime unique. Nous comprenons la volonté gouvernementale de tendre vers une harmonisation entre régimes mais il ne faut pas vouloir à tout prix intégrer tous les acteurs dans un régime de Sécurité social unique. Dans les faits, l’intégration financière existe déjà avec les régimes généraux notamment en maladie et sur la famille. Sur la partie organisationnelle, notre modèle fonctionne alors pourquoi prendre le risque d’aller plus loin et de potentiellement tout casser ? Au-delà des intentions et de la théorie, il y a une réalité qui est à prendre en compte. Le régime agricole repose sur des piliers forts : une gouvernance qui fonctionne et qui est représentative du secteur agricole dans sa diversité ; des agents dans les caisses locales et au siège qui accomplissent leurs missions d’accompagnement des assurés de manière remarquable notamment en temps de crise; un système de guichet unique qui répond aux besoins de nos assurés et enfin notre SI AGORA reconnu comme l’un des plus performants. Il y aurait donc un contre-sens économique et politique à vouloir remettre cela en cause.

La Cog, telle que construite actuellement, ne donne pas suffisamment de capacité aux acteurs locaux de prendre des initiatives et d’agir notamment d’un point de vue managérial. Nous formons de bons managers dans la Sécurité sociale, laissons les déployer leur potentiel au lieu d’avoir une gestion de plus en plus encadrante.

Quel bilan faites-vous à mi-parcours de la COG 2016-2020 de la MSA ?

Un bilan globalement positif car nous sommes dans les clous par rapport aux objectifs qui nous ont été fixés notamment tant en termes de qualité de service qu’en termes de réduction des charges. Mais au delà de ces résultats, nous estimons qu’il faut faire attention à ne pas faire dériver les Cog de leur esprit initial qui était de donner un cap pluriannuel de gestion. Raisonner dans un cadre annuel dans des administrations aussi conséquentes que les nôtres n’a pas de sens tant d’un point de vue économique que managérial. Or, on perçoit lors de nos échanges avec nos tutelles que nous prenons malheureusement cette direction avec une trop forte propension à se polariser sur les coûts de gestion avec de multiples critères limitatifs. Il m’apparaît difficile de gérer une caisse de Sécurité social sans développer une vision à moyen-long terme qui dépasse le cadre financier. On ne peut pas ignorer le contexte général de restriction budgétaire mais il me semblerait plus opportun, par exemple en ASS, de consolider à la fois les aides financières et les moyens humains dans les caisses au profit des assurés. Cela devrait être le pilier de notre stratégie. Les investissements d’aujourd’hui sont les économies de demain et non pas l’inverse. Qui plus est, je ressens dans notre réseau une demande globale de respiration des acteurs. La Cog, telle que construite actuellement, ne donne pas suffisamment de capacité aux acteurs locaux de prendre des initiatives et d’agir notamment d’un point de vue managérial. Nous formons de bons managers dans la Sécurité sociale, laissons les déployer leur potentiel au lieu d’avoir une gestion de plus en plus encadrante.

Un mot sur « Luminem » votre nouveau siège. Que représente ce changement pour la Caisse Nationale ?

Ce déménagement se présente comme une double opportunité pour la caisse centrale et ses salariés : la qualité de vie au travail et les économies de gestion. Sur le plan financier, nous allons réaliser des économies conséquentes en divisant par deux nos coûts en passant d’un budget annuel de 10 à 5 Ms d’euros pour nos locaux. Non seulement Luminem nous coûte moins cher à l’année mais, désormais nous sommes propriétaires et les seuls occupants d’un bâtiment qui répond à notre propre cahier des charges. C’était un élément essentiel dans notre réflexion car nous avons pu penser les espaces de travail de manière à ce qu’ils répondent à notre besoin de davantage de collaboration et de transversalité entre nos salariés, quelque soit leur service. Nous avons donc privilégié une approche ouverte pour décloisonner nos bureaux et nos activités au sein de la caisse centrale. Il n’y plus de bureaux individuels. Par exemple, je partage mon bureau avec le Président et deux assistantes. Cette démarche a permis de multiplier les espaces collaboratifs. En parallèle, nous avons continué à faire évoluer nos méthodes managériales en développant le télétravail pour près de 340 de nos collaborateurs qui à raison d’une à deux journées par semaine peuvent travailler depuis leur domicile. Les résultats sont bons et nous comptons développer ce type de dispositif qui permet de concilier productivité et bien-être du salarié.

 

La CCMSA a depuis deux mois un nouveau siège central à Bobigny. Fini les tours Mercuriales à Bagnolet ! Plus moderne, plus fonctionnel, plus lumineux, le bâtiment LUMINEM répondant la norme d’Haute Qualité Environnementale (HQE) incarne l’ambition en termes d’innovation et de gestion managériale de la caisse centrale du régime agricole.

 


 Photos: Philippe Chagnon / Cocktail Santé
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