ESE a rencontré William Gardey, président du conseil de la Caisse nationale, peu avant le délibéré des administrateurs.
Quel est votre sentiment sur les premiers contours de la COG 2018-2021 ?
Tout d’abord, rien n’est définitif dans les premières orientations qui ont été présentées récemment. Le CA de ce mois nous aura permis de poser un débat sur les enjeux politiques portés par cette nouvelle convention. La présentation du document définitif, elle, interviendra en janvier. Sur le fond, que retenir de cette convention, sinon qu’elle s’inscrit dans la continuité des précédentes de par les thématiques qu’elle aborde, tout en véhiculant un message clair : la CNAMTS va être offensive. Nous nous situons dans une période de rupture dans notre système de soins. Voyons le côté positif, le virage ambulatoire se matérialise, même si on peut déplorer que le basculement se fait trop lentement. Là où nous devons faire converger nos efforts, c’est sur la nécessité de simplifier et de fluidifier la coordination entre la médecine hospitalière et celle de ville lors d’un parcours de soins. L’idée de travailler sur des solutions à l’échelon territorial, plutôt que d’avoir des réponses systématiquement nationales, me semble aller dans le bon sens. Travailler avec les acteurs de terrain, notamment avec les CPAM et leurs élus, peut être une solution intelligente.
« Nous nous situons dans une période de rupture dans notre système de soins. » L’intégration du RSI et du régime étudiant semble être la première étape de construction d’un régime d’assurance-maladie unique. Comment percevez-vous ce mouvement ? Il y a une logique dans l’action entreprise par le gouvernement en matière de santé, notamment d’un point de vue organisationnel. Je perçois une volonté de couvrir les Français par une seule et unique caisse, à savoir la Cnam. L’intégration du RSI et du régime étudiant s’inscrit dans cette logique et il est possible que nous ne soyons qu’à la première étape de cette construction. Au-delà de cette optique, je crains deux choses qui peuvent impacter notre champ d’action et notre gouvernance. D’abord, et comme on peut le percevoir au travers des dernières annonces gouvernementales, on voit que le ministère monte en première ligne avec les ARS sur les questions de santé. Les CPAM se mettront en ordre en marche derrière cette première ligne. Cette stratégie centralisatrice ne me paraît pas être la bonne réponse. De plus, dans la logique du régime maladie unifié et unique qui semble se dessiner, je ne vois pas où se trouvent les espaces d’expression et de représentation de la société civile que sont les conseils d’administration. Il faut faire attention que, derrière une volonté de vouloir tout simplifier, l’on ne casse pas des modèles démocratiques qui, bien que perfectibles, fonctionnent plutôt correctement depuis des dizaines d’années.
Repères:
- Une COG de transition
- Articuler performance de réseau et pertinence de l’offre de soins.
- L’assurance-maladie place son projet dans les pas de la politique de santé du gouvernement, pilotée par Agnès Buzyn.
- Prévention, innovation, digital, patients « acteurs de santé », telles sont les priorités pour 2018-2021.