L’assemblée générale d’Harmonie Mutuelle se tenait le 30 juin dernier, à distance compte tenu du contexte sanitaire. En 2019, la mutuelle a conforté sa stratégie et sa solidité économique avec 2,8 Mds d’€ de chiffre d’affaires et un ratio de solvabilité de 300%.
Les délégués ont également adopté plusieurs décisions majeures et sont revenus sur la mobilisation de la mutuelle pendant la crise du Covid-19. Les précisions de Stéphane Junique, président d’Harmonie Mutuelle, également vice-président délégué du Groupe VYV.
Lors de la dernière AG d’Harmonie Mutuelle, les délégués ont « rendu opposable » votre politique de redistribution à 80% aux adhérents, pourquoi et qu’est-ce-que cela signifie concrètement ?
Nous sommes engagés sur de nombreux terrains : l’accès aux soins, la protection des plus fragiles, la prévention, le handicap, le soutien aux entreprises et aux territoires. Or, nous ne sommes reconnus ni pour ce que nous sommes, ni pour ce que nous faisons. Face à cette situation, nous devions prendre des initiatives et répondre à cette question fréquente, et légitime, des adhérents : « A quoi sert l’argent de ma cotisation ? ».
En 2018, nous avons posé les bases de cette politique avec trois principes : redistribution aux adhérents sous forme de prestations santé au minimum à 80%, maintien d’un ratio combiné inférieur ou égal à 100, pilotage de nos frais de gestion en vue de leur réduction.
Nous avons proposé à notre dernière assemblée générale d’aller plus loin en gravant dans le marbre la redistribution à 80%. Cela permet aussi de systématiser une clause de participation aux bénéfices de nos adhérents. Concrètement, notre assemblée générale devra chaque année se prononcer sur l’application de notre politique de redistribution.
Nous souhaitons également faire preuve de pédagogie en expliquant à nos adhérents que sur une cotisation de 100 €, 80 € seront redistribués sous forme de remboursements de soins, 5 € en services d’accompagnement et 10 € seront dédiés aux frais de fonctionnement de notre mutuelle. Cette démarche permettra de conserver leur confiance mais aussi de sortir de certaines caricatures trop souvent entendues dans le débat public.
Des travaux ont été lancés pour faire d’Harmonie Mutuelle une entreprise mutualiste à mission, quel est le sens de cette démarche ?
Nous ne sommes pas un assureur comme les autres mais un acteur de transformation sociale, notre matière n’est pas technique mais humaine. Notre pays a plus que jamais besoin d’acteurs ayant une vision de long terme permettant de créer de la valeur durable, génératrice de progrès social et respectueuse de l’environnement.
C’est pourquoi nous avons lancé des travaux pour devenir une entreprise mutualiste à mission, comme prévu par la loi Pacte.
Ce statut impliquera l’ajout dans nos statuts d’une raison d’être. Nous allons aussi intégrer nos objectifs sociaux et environnementaux. Un comité de mission sera chargé du suivi en interne et un organisme tiers sera désigné pour évaluer l’exécution de cette mission. Ce statut donnera encore plus de sens à notre action, il s’s’inscrit en continuité des évolutions en cours depuis 2016.
Les indicateurs de notre empreinte mutualiste seront présentés lors de notre assemblée générale 2021 et déclinés en 2022. Ils permettront d’objectiver le service social rendu à nos adhérents et plus largement à l’ensemble de la population dans les territoires où nous sommes implantés. Nous intervenons ainsi à travers notre offre de soins et de service de proximité, ouverte à tous, mais aussi par d’autres initiatives comme le Fonds Harmonie Mutuelle Emplois France, permettant d’investir auprès d’entreprises créatrices d’emploi.
Cette démarche s’inscrit enfin dans une volonté d’affirmer l’apport du modèle mutualiste trop souvent méconnu et même parfois maltraité. Les pouvoirs publics continuent d’encadrer notre action nous retirant toute initiative, l’Assurance maladie nous considère encore comme un payeur aveugle, et la tentation du Parlement de nous taxer est toujours plus forte. Je le déplore d’autant plus que l’Etat et l’Assurance maladie ne pourront pas répondre seuls aux défis de santé et de protection sociale.
Harmonie Mutuelle a annoncé une contribution aux dépenses supplémentaires de l’Assurance maladie liées à la crise sanitaire de 50 Ms d’€, après la sollicitation des pouvoirs publics. Quelle réponse attendez-vous ?
Nous nous inscrivons pleinement dans le cadre de la démarche portée par le Groupe VYV qui a annoncé une contribution volontaire de 100 Ms d’€. Nous avons constaté qu’une part des dépenses revenant habituellement aux mutuelles avait été prise en charge par l’Assurance maladie (notamment les téléconsultations et le ticket modérateur hospitalier), correspondant à 50 Ms d’€ pour Harmonie Mutuelle. Nous espérons un accueil positif des pouvoirs publics pour construire ensemble dans l’après-crise plutôt que de mobiliser le levier classique de la taxe.
J’aimerais aussi rappeler notre engagement, en particulier celui de nos réalisations mutualistes qui ont été en première ligne pendant la crise sanitaire. La chaîne de solidarité mise en place à l’échelle du Groupe VYV nous a permis d’appeler 500 000 de nos adhérents (170 000 pour Harmonie Mutuelle) en moins d’un mois, le plan de solidarité de 150 Ms d’€ mis en place par Harmonie Mutuelle a permis de soutenir les entreprises (notamment en reportant les cotisations ou en apportant un soutien en cas de difficulté de trésorerie), et plus de 1000 adhérents ont été accompagnés par notre action sociale.
Quel impact de la crise sanitaire ?
A ce jour, nous avons des incertitudes sur l’équilibre technique. Depuis plusieurs semaines, nous constatons un phénomène de rattrapage des soins. Pour Harmonie Mutuelle, nous avons observé une augmentation de 80% de l’activité en dentaire, après une baisse de 91%. L’hospitalisation a aussi connu un recul de 30% et la pharmacie de 18%. Au global, la baisse des prestations de santé a atteint 4,8% en collectif et 4,5% pour les contrats individuels. En parallèle les prestations en prévoyance affichent une très forte hausse, sous le poids des arrêts de travail notamment pour les gardes d’enfant et les personnes fragiles, que nous avons pris en charge de manière très large.
Se posera aussi la question des répercussions du contexte économique. Notre portefeuille étant composé à 55% de contrats collectifs, nous pourrons être impactés par les défaillances d’entreprises. Nous serons aussi touchés par les conséquences de l’endettement massif des PME et des ETI. Nous avons voulu agir immédiatement pour venir en aide à nos entreprises clientes afin d’amortir au maximum les effets immédiats de la crise et qu’elles ne se trouvent pas en situation de défaillance.
Harmonie Mutuelle s’est associée à une récente tribune soutenant la convention citoyenne pour le climat. Pourquoi cette prise de position et quelle traduction dans votre action ?
Le défi santé environnementale est majeur. Le poids de la mortalité liée à la pollution atmosphérique augmente et les déterminants environnementaux pèsent significativement sur certaines maladies chroniques, en particulier les cancers. Ce sujet est essentiel pour les acteurs mutualistes.
Notre engagement en faveur des enjeux climatiques doit se traduire à travers l’orientation de nos investissements, qui doivent être utiles pour répondre au défi climatique, l’adaptation de notre organisation géographique, et la rénovation de nos bâtiments. Nos offres devront également évoluer pour prendre en considération le risque environnemental.
Notre prise de position vient saluer le travail réalisé et la démarche visant à impliquer les citoyens. Nous voulons aussi faire partie des acteurs appelant les entreprises à s’engager, pour notre part bien sûr mais aussi afin d’entrainer un élan de transformation.