Depuis une semaine, l’heure médiatique est à l’excès verbal et politique. La France serait ingouvernable, irréformable, le nouveau quinquennat mort-né.
Tout cela parce que Emmanuel Macron ne dispose plus d’une majorité absolue de députés à l’Assemblée nationale.
En fait, cette donne politique est-elle si grave que cela ? Une absence de majorité absolue bloque-t-elle la vraie démocratie parlementaire ? Curieux raisonnement. Au vu de l’affaiblissement dramatique du rôle du Parlement depuis l’instauration du quinquennat, on a le droit de penser l’inverse. La plupart des démocraties environnantes connaissent ce type de situation. Elles n’en sont pas mortes ! Au contraire, la culture du compromis fait partie de l’ordre des sociétés. Voilà qui est sain.
À regarder les choses de près, lorsque le Parlement s’étiole dans ses missions, force est de constater que les crises politiques du pays s’expriment hors des repères institutionnels. La France est coutumière de cela. Les crises puisent souvent leurs sources sur les domaines sociaux, de santé et de la protection sociale.
Ce qui est certain, pour prendre l’exemple des retraites, c’est que la méthode à la hussarde de 2019 ne marchera pas. Là se niche un excellent chantier de pédagogie démocratique pour le pays. La classe politique, dans son ensemble, par ignorance de la complexité du dossier, déclare que la retraite à 60 ans, ou, a contrario, à 65 ans, c’est politique. Et donc n’a pas grand-chose à voir avec la vie réelle. Déjà Lionel Jospin, en 1997, expliquait que les 35 heures, c’était surtout politique. La suite des événements a, évidemment, démenti cette vision.
Pour fonder la légitimité d’une réforme des retraites, il faut aller au fond des choses. Et travailler sérieusement les données sur le long terme, avons-nous vraiment besoin d’agir immédiatement ? Il faut informer et associer la population, solliciter la responsabilité directe des partenaires sociaux. Enfin, saisir le Parlement dans sa fonction de synthèse générale et non pas selon une logique de guerre de tranchées. Que faire d’autres de plus pertinent ?
Voilà la voie à suivre pour éviter d’emblée les fameux blocages politiques auxquels nous serions inexorablement condamnés. Espérons moins de textes de loi, davantage d’approfondissement, respect des élus, encouragement des acteurs de terrain, et activation des corps intermédiaires.