À l’aune de la pause estivale, nous souhaitons à notre ministre de la Santé, aux pouvoirs publics, et à la constellation d’acteurs constituant l’écosystème sanitaire, de pouvoir recharger pleinement leurs batteries. Car l’accumulation des réformes impulsée depuis quelques années est dantesque.
Gouvernement, parlementaires, CNAM… tout le monde réforme en permanence ! Problème, ces révolutions organisationnelles permanentes finissent par épuiser voire, par lasser les acteurs. Les patients sont quant à eux globalement perdus quand ils ne sont pas mis de côté dans l’équation. Alors, pourquoi ne pas laisser du temps au temps ? Un contrepied à nos habitudes qui pourrait être le bienvenu.
Si l’on jette un coup d’œil dans notre rétroviseur, on se rend compte qu’en à peine une dizaine d’années, la France a accouché de près de quatre grandes lois de santé. Ce qui fait une durée d’application moyenne de 2 ans et demi… dans le meilleur des cas. Comment juger de l’efficacité de grandes réformes structurelles si celles-ci n’ont pas le temps d’être déployées jusqu’au bout ? Paradoxe français (un de plus !), si des mesures sont vites mises de côté, voire enterrées, si elles ne produisent pas de résultats immédiats, nos phases d’expérimentations durent généralement cinq ans, voire plus. Pour rarement être généralisées au final. Alors, que faire ? Un bon contre-exemple revient une fois encore à nos amis scandinaves qui ont pour vertu de se donner une quinzaine d’années pour déployer et juger de la pertinence de leurs orientations stratégiques en matière de santé. Si tout est loin d’être parfait dans ces contrés, on demeure toutefois frappé par la dynamique de coopération semblant imprégnant les acteurs de la chaîne de soins. Loin de nos clivages nationaux donc.
Attention à ne pas se méprendre, ralentir le tempo des réformes et s’inscrire dans le temps long ne veut pas dire qu’on enclenche un cycle d’inactivité. Que nenni ! C’est davantage une opportunité d’avancer progressivement de façon concertée entre décideurs et acteurs de terrain. Le champ de la prévention est en soi le plus propice à cette logique. Un domaine où les investissements d’aujourd’hui ne paieront qu’après-demain. Dans le cadre du prochain PLFSS, l’Assurance Maladie entend franchir le pas, y compris, en y associant les Ocam. Laissons-lui faire ses preuves et, en espérant qu’elle s’y tienne.