Le Haut conseil de financement de la protection sociale, présidé par Dominique Libault, conseiller d’Etat, vient de publier une note de conjoncture sur les perspectives des comptes pour 2019 et une projection d’ici 2022.
Compte tenu du contexte politique (annonces faisant suite à la crise des gilets jaunes) et économique (ralentissement de la croissance mondiale), le HCFi-PS entrevoit le basculement d’un léger excédent de 0,1 Md € pour le régime général (+0,2 tous régimes de base confondus) à un déficit de 3,6 Mds € fin 2019 et de 2 Mds € d’ici la fin 2022 (+0,6 Md selon les prévisions de la LFSS 2019 en annexe A).
Concrètement, deux faits économiques impacteraient négativement les comptes :
–Ralentissement de la croissance de l’ordre de 0,3 % (1,4 et non plus 1,7%) soit une perte de recettes de l’ordre de 1,2 Md pour le régime général.
–L’effet « mesures gilets jaunes » évalué à 2,7 Mds € via l’anticipation de la défiscalisation des heures supplémentaires dès janvier dernier au lieu d’octobre prochain (coût 1,3 Md €) et de la remontée du plafond d’exonération de la hausse de la CSG de 1,7% à partir de janvier dernier pour les retraités percevant un revenu compris entre 1 200 et 2 000 € par mois (coût 1,4 Md €).
A moyen terme, tout cela n’est pas bon. Là où la Sécurité sociale (tous régimes de base confondus) basculait enfin dans un excédent fusse léger, il faudra attendre. 2019 serait déficitaire pour 3,6 Mds €, 2020 aussi (d’autant que le retour à l’indexation totale des pensions aura un coût) et ainsi de suite jusqu’en 2022, à hauteur de 2 Mds €. A moins que le gouvernement ne décide de nouvelles mesures de recettes ou d’économies. Quant au projet de transférer les excédents de la S.S. sur le budget de l’Etat, prévu par la loi de programmation budgétaire 2018-2022, il faudra, là aussi, oublier les envolées lyriques…
Photo: P. Chagnon / Cocktail Santé