Un mot sur le récent rapport du Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie, également évoqué dans nos colonnes. Un texte sérieux, mais décalé selon nous eu égard aux nécessités du temps.
Décalage en premier lieu, sur le besoin de règles budgétaires pluriannuelles, lesquelles existent déjà en regardant attentivement les choses. Il suffit de relire la décision du Conseil constitutionnel de 2004 concernant la nature des lois organiques de financement (État et Sécurité sociale) pour se faire une solide religion.
C’est surtout sur les exigences sanitaires du moment que notre regard se porte. Le système de soins et ses acteurs ne sortiront pas indemnes de la crise. Les établissements hospitaliers tirent la dynamique globale. Les conclusions et les chantiers définis lors du Ségur de la santé n’éteignent pas les difficultés et les tourments à venir pour des centaines de milliers de professionnels. Quant à la médecine de ville, elle aussi, est un peu secouée dans ses fondamentaux. Et ne parlons pas de la population, des patients atteints par la Covid-19 et autres victimes indirectes de la crise sanitaire. La priorité est certes dans l’application des réformes type « Ma Santé 2022 », sur la montée du numérique en particulier.
L’essentiel est cependant ailleurs. Il faut un message public national de santé sur l’après-crise. Il faut une mobilisation des acteurs de terrain pour aller au-devant des populations sinistrées. Nous sommes également frappés par l’aggravation sans précédent de la pénurie médicale en soins de ville. La situation se dégrade plus fortement que prévu. Cela devient dramatique dans certains territoires et pour certaines disciplines comme la santé mentale.
Songeons qu’en Seine-Saint-Denis, on recense à peine 10 psychiatres libéraux pour une population de 1,6 million d’habitants !
Il y a aussi urgence pour mener une vigoureuse action de santé publique. La Covid-19 révèle, s’il en était besoin, un déficit énorme d’hygiène publique et de prévention dans le pays en général ainsi que pour certaines catégories de la population en particulier. Un sujet très sensible parce qu’on touche aux différences sociales, mais il est incontournable. Voilà des questions majeures qui devraient mobiliser les acteurs plutôt que de privilégier une meilleure esthétique des lois de financement…