Cette campagne présidentielle ne laissera pas un bon souvenir.
Faute de débats de fond, de crédibilité personnelle des candidats mais aussi de leurs propositions, on est même en droit de se demander si nous n’avons pas atteint les limites d’une démocratie française bâtie sur la forme d’absolutisme politique qu’est l’élection du président de la République au suffrage universel. Après tout, aucune autre démocratie européenne ne fonctionne ainsi.
Dans quelques mois ou plus, vu le risque d’instabilité institutionnel, il est possible que le bilan économique et social de François Hollande puisse être reconsidéré. La France va moins mal, excepté son chômage. Mais elle a la démographie du travail la plus abondante d’Europe. Et le taux de 7% en 2008, atteint une seule fois depuis 1983 (un incroyable paradoxe vu la crise qui suivit), auquel se réfèrent plusieurs candidats, peut être considéré comme un quasi plein emploi…
La question européenne, omniprésente aussi dans le débat électoral, illustre hélas les errements de notre vie politique et médiatique. Presque tous les candidats imputent l’essentiel de nos difficultés à l’Union Européenne. Cela est faux, injuste et dangereux. Pour restaurer la vérité, nous recommandons vivement la lecture de l’ouvrage de notre confrère et ami Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, ouvrage que nous présentons dans nos colonnes. Les constats peu amènes de ce spécialiste sur les dysfonctionnements de Bruxelles qu’il convient de corriger, n’empêchent pas l’auteur de remettre « les pendules à l’heure ».
Contrairement aux préjugés, notre vie ne se décide pas à Bruxelles. L’UE n’entre guère que pour 10 à 12% des choix essentiels de la France. Elle n’est pas compétente pour les questions militaires, l’ordre public national, la fiscalité (il faut l’unanimité y compris sur la TVA), la santé, la sécurité sociale, le droit pénal ou civil, l’essentiel de notre droit du travail, de nos services publics – eh oui, on peut nationaliser encore. S’il faut maîtriser mieux les pratiques commerciales, les frontières migratoires, ce sera forcément par une démarche européenne. Quant à l’austérité imposée par l’UE, dont on rebat les oreilles, ayons l’honnêteté de constater que les dépenses publiques et sociales, ainsi que les effectifs des fonctions publiques n’ont jamais cessé de croître.
Voilà quelques vérités. Il en est beaucoup d’autres, que notre devoir d’information justifie de rappeler ★