Effarant : le 5 décembre, le pays sera bloqué ou presque.
Et l’après sera incertain. Une situation ahurissante ! Cette crise était prévisible, évitable. Plus on approfondit le dossier de la réforme des retraites, plus sa logique première apparaît : construire un nouveau système moins coûteux sur le long terme. C’est le droit d’Emmanuel Macron de vouloir les choses ainsi. Mais c’est aussi le droit pour les experts, les organisations syndicales et professionnelles, les actifs et les Français en général de s’inquiéter de cette perspective en dépit des dénégations peu convaincantes de Jean-Paul Delevoye et de la majorité en général.
Il y aura des progrès incontestables pour les faibles carrières, les femmes en particulier, sous réserve d’inventaire toutefois pour celles-ci. Mais cette réforme reste par trop ambiguë, voire ambitieuse, pour être vraiment crédible. Quel actif libéral devrait manifester son plaisir à un doublement programmé de ses cotisations vieillesse, couplé de plus à une baisse de ses droits futurs ? Quel fonctionnaire, employé ou cadre du privé pourrait aussi sauter de joie à l’idée de calculer ses droits futurs sur toute sa carrière, et non plus sur les vingt-cinq meilleures années ou les six derniers mois de son traitement indiciaire ? Cette liste d’interrogations, nous pourrions l’allonger à satiété.
Maintenant, le gouvernement démine. Edouard Philippe prend de plus en plus la main sur ce dossier dont il doutait de la faisabilité à l’origine. Chaque organisation syndicale plus ou moins favorable au principe de la réforme a reçu des apaisements. Sur les droits familiaux, sur les enseignants et surtout sur le possible report de date d’application de la réforme. Une vraie ouverture, donc. Suffisante ?