Le couperet est finalement tombé. Après des mois à ne pas savoir comment (et où) allouer les 300 Ms € de contribution supplémentaire exigés des Ocam en marge de la LFSS 2023, le gouvernement a finalement tranché en les affectant à la réévaluation du ticket modérateur des soins dentaires. Cette « manœuvre » gouvernementale soulève tout autant un problème de forme que de fond.
Outre le fait que l’addition soit passée de 300 à 500 Ms €, sans raison aucune, on notera que les Ocam ont appris la « bonne » nouvelle à la dernière minute par la DSS. Une démarche pour le moins cavalière. Comble de la chose, on laisse entendre à l’avenue de Ségur que les complémentaires ont été associées à toutes les décisions. Vraiment ? En cela, nous pouvons nous interroger sur la nature du fameux Comité de dialogue avec les organismes complémentaires ou CDOC. Ceux qui craignaient que cette instance devienne un « machin » administratif de plus en ont eu pour leur argent. Pour les autres, la déception prévaut une fois de plus.
La question de fond n’en demeure pas moins plus problématique. La justification d’un rehaussement du ticket modérateur, et donc de la part RC, pour permettre à l’Assurance Maladie de s’offrir une plus grande marge de manœuvre pour opérer le virage préventif laisse songeur voire, dubitatif. L’intention peut paraître louable, mais pourquoi le sortir du chapeau maintenant ? Et pourquoi le décider unilatéralement sans même se concerter avec les principaux intéressés que sont les Ocam ? Une forme de mépris à peine déguisée.
Comme souvent, le gouvernement n’affiche pas de feuille de route claire et stable lorsqu’il s’agit des questions de santé. Si l’on excepte la parenthèse du Ségur, dès que l’on doit aborder les sujets de fond, on a le sentiment que l’opportunisme prévaut sur la concertation et la co-construction. Des démarches qui s’inscrivent sur le temps long. Incompatibles avec le logiciel macronien comme le dossier des retraites nous l’a démontré par ailleurs.
Alors que dire des Ocam dans cette histoire ? À minima, elles peuvent se sentir lésées. Depuis plusieurs années, mouvement mutualiste en tête, elles demandent à jouer un plus grand rôle dans les politiques de prévention. Des initiatives ont été dessinées, des propositions ont été formulées… sans réponse jusque-là. Cette rengaine n’est pas saine. La culture d’opposition systématique entre État jupitérien et financeurs privés ne débouchera sur rien de constructif. Et ce n’est pas l’agitation d’un potentiel chiffon rouge Grande Sécu qui améliorera les choses.