La lassitude du feuilleton du Brexit, entamé depuis le vote du 22 juin 2016, ne saurait nous faire oublier qu’une page de notre histoire se tourne. Dans le méli-mélo de l’actualité, cet événement, désormais banalisé, perd aux yeux de beaucoup toute l’importance qu’il devrait avoir. Il suffit de se rendre à Londres pour s’apercevoir de l’ampleur de la crise morale, identitaire qui imprègne la vie courante de nos futurs ex-partenaires.
On a tout dit ou écrit sur le Brexit. Notamment sur les aspects économiques, financiers, commerciaux, voire sécuritaires. On a notamment projeté des conséquences durablement fâcheuses pour la City et sur la capacité de l’économie britannique à trouver des facteurs de rebond.
On a moins parlé de social, de Sécurité sociale. A priori, les acquis des règlements européens pour les non-britanniques installés ne seraient pas bousculés. Perdurerait encore, quelques temps du moins, une libre circulation des personnes. Le temps que Londres et Bruxelles fixent un cadre qui ne sera plus l’UE mais ne sera pas non plus la loi de la jungle (une sorte de Singapour sans fortes garanties sociales).
On verra. Un round de négociations ultime (le cadre des futures relations) est ouvert. Pour se clore en principe en décembre prochain.
Reste dans tout cela, selon nous, l’essentiel. L’histoire des peuples, le culte du brassage des cultures, ce désir et ce goût de partager une destinée en commun. Le retrait britannique n’est pas vraiment une question économique ou migratoire. Le contexte du vote référendaire était le pire possible : un premier ministre discrédité, une austérité sans précédent, une réelle déferlante migratoire quelques jours avant le vote et une campagne médiatique agressive et malhonnête, portée en cela par des politiciens irresponsables.
Cet essentiel qu’est le partage des destinées des peuples reflue. C’est là le pire qui nous arrive. D’autant que cela ne conduit nul part. « Le nationalisme, c’est la guerre », disait François Mitterrand. Morale, intellectuelle d’abord.
Sale période donc !