Olivier Véran succède donc à Agnès Buzyn. Décidée qu’elle fût à quitter son ministère et d’accepter de tomber illico dans la marmite des élections municipales parisiennes.
Bon courage, parce que l’affaire de la mairie de Paris n’est pas franchement aisée. Agnès Buzyn aura tenu donc trois ans ou presque. Et c’était un secret de Polichinelle qu’à l’instar de la plupart de ses collègues du gouvernement elle était épuisée. Une sorte de burn-out en fait, les larmes lors de son départ en témoignent. Elle désirait partir, mais « par le haut ». C’est fait ou presque. Les raisons de l’éreintement ministériel sont connues : un périmètre trop important, surtout qu’il concentre la majorité des réformes conflictuelles voulues par Emmanuel Macron… Sans oublier les horaires déments, les tensions inhérentes à la fonction, le climat politique et social délétère dans lequel nous baignons depuis plus d’un an. Sans négliger aussi que la gestion de la santé et des affaires sociales requiert un savoir-faire politique que l’appartenance à la société civile ne garantit pas forcément.
Olivier Véran arrive donc. Paradoxalement, c’est déjà un routier de la politique. Sa courte carrière en témoigne. Il y a d’un certain point de vue une forme de similarité entre le tempérament du chef de l’Etat et celui de son jeune ministre de la Santé. Jeunesse donc, agilité intellectuelle, capacité de travail et d’assimilation des sujets, une solide connaissance des questions sanitaires, une fougue qui mérite d’être contenue cependant.
Le nouveau ministre de la Santé piaffait depuis longtemps pour cette promotion. Il a des convictions fortes sur la santé publique, la prévention, sur le rôle central de l’Etat et sur la prééminence de la sphère publique en général sur la politique de santé. Ce n’est pas un ami des mutuelles et des assureurs complémentaires, ni a priori des industries de santé. De ces points de vue, il place son action dans les pas de sa prédécesseure et bien sûr dans le cadre fixé par Emmanuel Macron.
On aurait tort cependant de sous-estimer le poids potentiel que peut prendre Olivier Véran dans l’architecture gouvernementale que de le percevoir comme un simple remplaçant de circonstance. Il durera au moins jusqu’à la fin du quinquennat, sauf crise bien sûr. Et peut-être davantage, car ses atouts sont incontestables.