dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

Nous sommes loin de la verve et de la profondeur d’Arthur Rimbaud avec son magnifique poème « Le bateau ivre ». Les récentes annonces de Gabriel Attal sur la santé ressemblent furieusement à un navire à la dérive. C’est l’image que donne depuis quelque temps la politique de santé du pays. Celle-ci apparaît sans cap. La communication d’urgence supplante le construit solide et pérenne.

Les mesures prônées par le Premier ministre contredisent clairement les engagements anciens du chef de l’État et la démarche des ministres en charge de la santé que sont Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux. Au passage, Thomas Fatôme, directeur général de la CNAM voit son projet, forcément celui de l’exécutif, quelque peu démenti. Sa méthode patiente, parfois interrogée, est déstabilisée. Les organisations de médecins libéraux, déjà faiblement novatrices et peu raisonnables économiquement, se retirent provisoirement des négociations avec l’Assurance Maladie. Bon courage pour recoller les morceaux.
Quant au fond des choix, cela confine parfois au grand n’importe quoi ! Autoriser l’accès direct aux médecins spécialistes sans le filtre du médecin généraliste traitant dénie la réforme de 2004. 20 années de réforme autour du parcours du patient avec son médecin traitant ainsi fragilisées ? Qui croira l’omniprésence spontanée de spécialistes dans les déserts médicaux de généralistes ? On nage en plein oxymore médical… la suggestion d’une équipe d’accompagnement de soins, en clair la construction d’un véritable collectif professionnel autour du patient, exprimé récemment dans nos colonnes par France Assos Santé est plus sérieuse. Quant à demander aux dentistes, aux sages-femmes et même aux infirmiers de pratiquer la permanence des soins, les « bras nous en tombent ».  Le projet de former dès le niveau de PCEM 2 en 2027 des promotions annuelles de 16 000 praticiens n’est pas crédible.

À l’heure des potentiels considérables du numérique, des capacités de partage des missions, des délégations de tâches, c’est d’une autre construction dont le pays a besoin. La politique de santé exige vision, temps long, moyens et partage des choix. Davantage qu’un coup de « com’ », fût-il délivré par le Premier ministre.

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