dans LIBRES PROPOS & ÉDITOS

L’officialisation des derniers chiffres du déficit public fait pour le moins froid dans le dos.

Non pas que le sujet soit nouveau, on rappellera d’ailleurs que cette affaire traîne depuis près d’un demi-siècle, mais le sentiment de chute sans fin reste quant à lui persistant. L’exécutif semble plus désemparé que jamais pour nous sortir de la « panade ».
Difficile de ne pas donner raison à Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, quand il explique que la France est avant tout un pays qui se nourrit de la dépense. A fortiori quand celle-ci est publique. Dans la sphère sociale, la lecture faite chaque année des PLFSS est en soi assez révélatrice : les yeux sont rivés quasi exclusivement sur l’Ondam et peu d’attention est portée aux (dés) équilibres des régimes de Sécu. Déformation culturelle, vous dites ?

Priorité doit être donnée à un sérieux redressement de nos comptes sociaux avant de penser à de conséquentes revalorisations conventionnelles, à de nouveaux Ségur. Non pas, au nom d’une vision comptable de notre système de protection sociale, mais en vue de nous redonner des marges et renforcer nos capacités à investir pour préparer demain. Coïncidence fortuite, nous « plongeons » au moment où le prix du médicament innovant le plus au cher au monde vient d’être symboliquement battu (4,25 Ms $ !). Comment demain, nos patients pourraient-ils y avoir accès alors que la France doit payer chaque année plus de 50 Mds € d’intérêts de dette ? La question de la résilience de notre modèle est posée. Il nous faudra aller bien au-delà des économies de meilleure maîtrise des prescriptions d’IJ et de transport sanitaire promises par l’exécutif. Nul ne peut nier que c’est l’architecture même du système qui vacille depuis trop longtemps.

Alors, sommes-nous condamnés à échouer ?

Comment pourrait-il en être autrement alors que nous nous évertuons à défendre mordicus un modèle, bien que nappé d’une couche de solidarité nationale, reposant fondamentalement sur des logiques individualistes en décalage complet avec l’exigence de responsabilité collective et politique que nous devrions endosser ? À la veille de l’anniversaire des 80 ans de notre Sécurité sociale, voilà un bon sujet de philo pour la prochaine épreuve du BAC en juin prochain. Chers élèves, vous avez 4 heures !


Illustration : Vectorstock
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